Alors que je vois à l'affiche de ces vendredi et samedi à Forest-National le chanteur mythique Will Tura, je me rends compte de l'abondance dans le langage courant en Communauté française de mots d'origine néerlandaise. Le plus simple est d'ailleurs de parcourir le "Dictionnaire des belgicismes" de Georges Lebouc.

La "drève", cette allée bordée d'arbres, vient de "dreef", avenue. La "dringuelle", pourboire, vient de "drinkgeld". La "pape", colle ou bouillie, vient de "pap". Une "crolle", boucle de cheveux, vient de "krul". La "couque" vient de "koek". Le verbe "blinquer", utilisé surtout en région bruxelloise, reluire, vient de "blinken", etc.

Bien sûr, la liste est longue, en particulier dans le domaine de la nourriture. Ne retenons que l'évident "waterzooi", d'origine néerlandaise et flamande, de "water", eau, en néerlandais et de "(zooi) biest", poule à bouillir, en flamand. Il s'agit donc d'un bouillon de légumes, au départ spécifique à Gand, dans lequel on prépare une poule ou un poulet. Mais ce plat classique belge peut être aussi une honnête soupe de poisson, bien riche de chairs et de petits légumes. C'est un plat complet. Sa recette est simple: un bouillon ou fumet de poisson est réchauffé avec des aromates pendant que cuisent à la vapeur douce le poisson et les légumes émincés (pommes de terre, carottes, oignons blancs, pois gourmands). Le tout est mélangé dans le bouillon, puis lié par un peu de crème fraîche et d'œuf.

Lors d'une réunion l'an dernier de l'Ordre des 33 Maîtres-Queux de Belgique, qui fut créé dans les années soixante, un orateur déclara: "La cuisine belge est en pleine évolution, pour ne pas dire révolution". Cette génération de chefs talentueux a hissé l'art culinaire belge à un niveau jamais atteint auparavant et dont le rayonnement fait ainsi le tour du monde, valant à la Belgique la réputation de "Pays où l'on mange le mieux du monde" …

Jacques MERCIER

Article publié dans La Libre Belgique du 08/02/2007