Nouvelles de Flandre
Francophonie et Presse francophone

Le nouveau président de la section belge de l'Union internationale de la presse franco-phone, André Buyse, a accepté de répondre à nos questions. Il nous présente son organisation et nous livre ses impressions sur le rôle de la presse francophone quant à la promotion et la diffusion de la langue et de la culture françaises.

NdF: Depuis quand les journalistes d'expression française sont-ils regroupés en association? Quels étaient les objectifs poursuivis à cette époque?

A.B.: Au niveau international, les journalistes de langue française se sont constitués en organisation professionnelle, en 1950, à Limoges. Fait significatif, l'initiative ne venait pas d'un Français mais d'un Canadien, Dostaler O'Leary, correspondant pour les journaux francophones de son pays. Il s'agissait, dès ce moment, d'une véritable prise de conscience que la promotion du français comme langue de communication n'était plus liée à l'Histoire ou à la diplomatie mais bien à l'initiative et à la créativité linguistiques et médiatiques des « communicateurs » francophones répartis partout dans le monde, hors de France

NdF: Il y a 5 ans, votre organisme a changé de nom. Pour quelles raisons?

A.B.: Effectivement, notre groupement s'appelait "Union internationale des journalistes et de la presse de langue française" (UIJPLF) mais ne se présente plus depuis 2002 que sous l'étiquette "Union internationale de la presse francophone" (UPF). Il fallait simplifier cette abréviation difficilement prononçable. On nous a reproché d'avoir ôté le mot "journaliste" de l'intitulé, mais déjà les statuts antérieurs englobaient le mot "presse" dans son ensemble comprenant ainsi les stagiaires, les administratifs, les techniciens, les financiers et les éditeurs. Quant au rempla-cement de l'expression "de langue française" par le mot "francophone", il permet plus de souplesse, en intégrant des journalistes indubitablement francophones mais pouvant être appelés à rédiger aussi dans d'autres langues.

NdF: Actuellement combien de membres comptez-vous et comment la structure internationale est-elle organisée?

A.B.: L'UPF compte, dans une bonne centaine de pays et territoires - donc bien plus que ceux adhérant à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) - quelque 3.500 membres. Ce sont en général des journalistes militants qui ont à mener un combat quotidien pour la promotion, voire la survie, de leur langue dans les médias. Le siège international de l'UPF ainsi que celui de la section française se trouvent à Paris. Les grandes orientations et la politique générale de l'UPF, organisation internationale non gouvernementale reconnue comme telle par l'ONU et l'Unesco, relèvent de la compétence du secrétariat international, coiffé par un Secrétaire général (actuellement Georges Gros), un président international (actuellement Hervé Bourges), un vice-président international (Dan Moussa) ainsi que trois autres vice-présidents représentant les trois principales "régions" de diffusion des médias francophones: Europe, Afrique et Amérique du Nord. Une "région Asie" existe, mais n'est pas représentée à ce jour par un vice-président.

NdF: Quelles sont les actions mises en place?

A.B.: L'UPF promeut, par des actions très concrètes, la formation et l'échange de journalistes de toutes provenances. Elle organise des séminaires, gère dans sa "pressothèque" des archives de médias francophones du monde entier (il n'existe pratiquement aucun pays dans le monde qui ne possède pas au moins un média, écrit, radiotélévisuel ou électronique en français), accueille les journalistes francophones de passage dans les grands centres entièrement ou partiellement francophones, réalise des enquêtes sur la presse de langue française, édite un trimestriel "La Gazette de la Presse Francophone" diffusée dans 200 pays, organise des "assises internationales" précédant une fois sur deux les "Sommets des chefs d'Etat et de gouvernement ayant le français en partage", coopère avec les institutions de la Francophonie, exploite un site Internet (www.presse-francophone.org), alimente sa propre agence de presse, etc.

NdF: Vous êtes le nouveau président de la section belge, comment envisagez-vous votre rôle, quelles sont vos priorités?

A.B.: Notre section, qui existe depuis plus de 25 ans, doit être revalorisée et rendue plus visible, ce qui a d'ailleurs été fait récemment en rétablissant le siège social à la Maison de la Presse (Centre international de presse) à Bruxelles. Le président a un rôle de rassembleur et de "motiveur" rendu d'autant plus difficile par le système belge de la "communautarisation" et, d'une manière générale, par un certain désengagement de la dernière génération de journalistes vis-à-vis de toute structure institutionnelle. Au-delà, se pose la nécessité de surmonter le problème du découragement face à un certain "détricotage" du concept "Belgique". La priorité est donc, incontestablement, de rendre à nos journalistes francophones, la fierté d'écrire, de communiquer en français.

NDF: On parle relativement peu de la langue française et de la francophonie dans la presse. Selon vous, quelle en est la raison? La presse n'a-elle pas un rôle à jouer en ce domaine?

A.B.: Il existe, à mon avis, dans le subconscient francophone et journalistique collectif belge, une certaine gène, voire une honte d'entendre nos plus hauts représentants politiques, syndicaux, sportifs et parfois économiques, parler un français dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est vraiment peu châtié. Dans ces conditions, concèdent certains, faisons nos interviews, écrivons nos articles, en français certes, mais sans mettre ce mode d'expression sur le pavois : chanter français oui, mais en mode mineur. Donc mettre aux limbes les "rubriques du bon langage" et autres "bilans du monde francophone". Mais alors attention au cercle vicieux de la médiocrité!

NdF: 14 des 27 pays membres de l'UE font également partie de l'OIF, malgré tout, le français est menacé au sein des Institutions européennes. Qu'en pensez-vous?

A.B.: L'Organisation internationale de la Francophonie a multiplié les efforts, pour former les nouveaux fonctionnaires européens venus d'Europe centrale et orientale à la langue française, et en particulier au "jargon réglementaire eurocratique". Mais à peine sont-ils affectés à leurs nouvelles fonctions qu'on ne leur permet d'intervenir au cours des réunions de travail qu'en anglais. Il faut dire qu'ils ne sont guère aidés par les journalistes francophones. En fait ceux-ci sont souvent aux prises avec le complexe de "non-multilinguisme". Ils ont tellement peur qu'on les prenne pour des unilingues qu'ils s'évertuent à poser les questions en anglais. Parfois ils perdent d'ailleurs vraiment la face : il arrive que le fonctionnaire interrogé, pourtant réputé anglophone, après avoir apprécié l'accent authentiquement francophone de l'intervenant, lui réponde dans la langue de Molière. Ici se pose tout le problème de l'identité francophone du journaliste européen. Comme l'a signalé notre administrateur Simon-Pierre Nothomb dans le dernier bulletin de notre section "Francophonie Info", "un bon francophone est au moins bilingue". S'il y a une fierté justifiée d'être journaliste et francophone, il n'en existe pas moins une autre, celle d'être journaliste francophone et bilingue. Ici, les membres de la section de Belgique de l'UPF ont certainement une leçon à donner à leurs coreligionnaires des autres sections de l'UPF.

 

Anne-Françoise COUNET

Pour plus d'information:

Section de Belge de l'UPF,
Président: André Buyse,
rue Robert Scott 26, 1180 Bruxelles,
courriel : andre.buyse@skynet.be,
site international: www.presse-francophone.org


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