Nouvelles de Flandre
La Roumanie et la langue française

La langue et la culture françaises sont des éléments essentiels dans l'élaboration de la société roumaine. Non seulement en raison des liens politiques et culturels que la Roumanie a établis avec la France mais également grâce à leurs origines linguistiques communes : français et roumain sont deux langues romanes.

Située en Europe orientale, la Roumanie est bordée au nord par l'Ukraine, à l'est par la Moldavie et la mer Noire, au sud par la Bulgarie et à l'ouest par la Serbie, le Monténégro et la Hongrie. Le plus grand cours d'eau est le Danube dont le delta couvre 2 600 km2 du territoire. La population est composée de près de 90 % de Roumains de souche, mais il existe une importante minorité hongroise et tzigane.

La ville la plus importante est de loin la capitale Bucarest, située au sud, qui compte 2 millions d'habitants. Considérée comme la ville la plus verte d'Europe, elle possède de nombreux parcs et détient le record de surface de jardin par habitant.

Histoire

La Roumanie tire son origine de l'ancienne Dacie, habitée par les Daces, un peuple indo-européen apparenté aux Thraces. La région a été sous l'emprise romaine jusqu'en 271. Cette domination a eu des conséquences linguistiques permanentes: la langue roumaine est une langue romane d'origine latine.

Par la suite, le territoire est envahi par les vagues successives de Huns, Mongols, Hongrois, Autrichiens et Turcs. Au 18 ème siècle, la Russie s'intéresse aussi aux côtes de la mer Noire. La rivalité entre Russes et Turcs dans la région durera plusieurs décennies. L' indépendance de la Roumanie est finalement reconnue en 1878, grâce notamment à l'aide de la France. Un régime parlementaire s'y installe jusqu'en 1938.

En 1948, les communistes prennent le pouvoir et proclament la République populaire de Roumanie. Lors de son accession au pouvoir en 1965, Nicolae Ceausescu établit un régime dictatorial et fait respecter avec rigueur l'orthodoxie communiste sur le plan intérieur: la Roumanie demeurera l'un des pays les plus retardés et les plus répressifs du bloc de l'Est.

En décembre 1989, Ceausescu est renversé et assassiné. Depuis la Roumanie se développe sur la voie de la démocratisation et de l'économie de marché. Sa prochaine adhésion, en janvier 2007, à l'Union européenne devrait permettre l'achèvement de ce processus.

Francophonie

En 1991, la Roumanie est invitée à participer, sous le statut d'observateur, au IVème Sommet de la Francophonie. Deux ans plus tard, en 1993, elle acquiert le statut de membre à part entière.

La Francophonie institutionnelle est bien implantée dans le pays : Bucarest est le siège de l'antenne régionale pour les pays de l'Europe centrale et orientale de l'Organisation internationale de la Francophonie et du bureau Europe centrale et orientale de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF).

Place du français

Selon le rapport 2004-2005 du Haut Conseil de la Francophonie, un Roumain sur cinq connaît le français. On compte environ 20 % de francophones partiels et 8 % de personnes dont le français est la langue maternelle ou d'usage.

La langue française est un des éléments constitutifs de la culture roumaine. A partir du 18ème siècle, on assiste à une pénétration de la culture et de la langue françaises dans l'éducation des membres de la haute société. Un siècle plus tard, par le biais des Russes francisés, le français devient l'outil et le moyen privilégiés d'accéder à la modernité de l'Occident. Enfin, la période de l'entre-deux-guerres constitue la grande époque française de la Roumanie. Bucarest est alors appelée le "Petit Paris".

La Roumanie se trouve dans une situation unique: les intellectuels et l'élite politique roumaine ont choisi librement le français en tant qu'idiome de la liberté, de la modernité, de l'appartenance à l'Europe des nations libres. Ce fondement, bâti sur presque 200 ans de partage de culture et de civilisation, fut gardé avec une telle passion, qu'il a pu résister dans les conditions très précaires qui lui ont été imposées pendant les années du totalitarisme.

Aujourd'hui, la présence de la langue française sur le territoire roumain est en plein essor, avec 3 centres culturels, 5 filiales de l'Alliance française ainsi que l'Institut français de Bucarest, pièce maîtresse de l'action culturelle française dans le pays. C'est d'ailleurs dans ces institutions, grâce au financement de l'OIF, que quelque 1 300 cadres spécialisés dans les questions européennes ont été formés en français, en préparation de l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne.

Enseignement

L'enseignement en langue française est très développé aussi bien au niveau secondaire que supérieur. 88 % des jeunes Roumains apprennent le français en première ou en seconde langue étrangère et l'enseignement bilingue est développé dans 70 lycées franco-roumains. En ce qui concerne l'enseignement universitaire, il y a 10 universités membres titulaires et 9 universités membres associés de l'AUF. Il existe, également, de multiples filières entièrement francophones dans l'enseignement supérieur. Grâce aux programmes d'échanges, environ 5 000 étudiants roumains ont l'occasion, au cours de leurs études, d'effectuer un séjour universitaire en France ou dans un autre pays francophone européen.

Un bémol est cependant apporté à ces chiffres par diverses associations roumaines qui constatent une forte progression de l'anglais. Pour certains jeunes, le français garde une image austère. De plus, on constate un vieillissement du corps professoral en français par rapport aux professeurs d'anglais. Les effets de la mondialisation se font sentir partout.

Médias

En ce qui concerne la presse écrite francophone, on trouve la revue mensuelle para-institutionnelle "Regard" (près de 5 000 exemplaires) qui est rédigée par des journalistes roumains et français ainsi qu'un hebdomadaire "Bucarest Hebdo" qui lui, il y a quelques années encore, était un quotidien. En outre, en mai 2006, le Monde Diplomatique, quant à lui, a lancé une édition roumaine qui reprend entre 75 % et 80 % de l'édition originale, agrémentée de 20 à 25 % d'articles couvrant l'actualité roumaine.

L'AFP est présente en Roumanie depuis janvier 1990. Et occupe une position assez enviable dans le pays. Elle possède en effet de très nombreux abonnés institutionnels et privés car, par tradition, les rédactions roumaines préfèrent "suivre le fil" c'est à dire recevoir les informations en temps réels, en français.

Enfin, en ce qui concerne la télévision, TV5Monde est diffusée depuis la même année. La chaîne est très suivie en Roumanie qui d'ailleurs est le premier pays, en terme d'audience en Europe, par rapport à sa population.

La langue et la culture françaises font partie de la réalité quotidienne roumaine depuis plusieurs siècles et y conservent toujours une place privilégiée. Gageons que cela dure encore longtemps.

 

LA ROUMANIE
QUELQUES POINTS DE REPERE

Situation: Sud-est de l'Europe

Superficie: 237 500 km2 (Belgique : 30 500 km2)

Population: 21 680 974 (Belgique : 10 264 000)

Capitale: Bucarest

Relief: Montagnes 31 %, collines 33 %, plaines 36 %, delta

Climat: Continental tempéré, 4 saisons

Langue officielle: Roumain

Nationalités: Roumains 89,5 %, Hongrois 6,6 %, Roms (Tziganes) 2,5 %

Religions: Orthodoxes 86,8 %, Catholiques romains 5 %, Protestants 3,5 %

Monnaie: Leu (1 leu = 0,28 euro)

Statut: République

Président: M. Traian BASRSCU

Pouvoir législatif: Parlement bicaméral (469 membres dans la législature 2004-2008)

PIB par habitant: 3 700 euros (Belgique 28 500 euros)

Secteurs d'activités: Agriculture 13 %, industrie 36 %, services 51 %

Adhésion à l'Union européenne: 2007

Adhésion à la Francophonie: 1991 (observateur), 1993 (membre)

 

Anne-Françoise COUNET


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