Nouvelles de Flandre
Petite leçon de québécois

Même si on n'a pas eu la chance de traverser l'Atlantique pour visiter le pays de nos cousins Québécois, tout le monde sait que leur façon de parler est pour le moins typique et assez différente de la nôtre.

La langue française est un élément important du nationalisme québécois. Depuis que leur territoire est passé sous l'autorité britannique, les francophones n'ont cessé de lutter âprement pour la reconnaissance et la défense de leur langue et leur culture. C'est pour cette raison qu'ils ne voient pas d'un bon œil, l'utilisation de mots anglais dans leur langue. Ils vont même jusqu'à traduire des mots, qui chez nous et en France, sont entrés dans le langage courant. Ainsi en témoignent les panneaux de circulation sur lesquels le mot "STOP" (utilisé internationalement) est remplacé par le mot "ARRÊT".

A Montréal, on ne range pas sa voiture dans un "parking" mais dans un "parc de stationnement". On ne dit pas non plus "week-end" mais "fin de semaine".

La différence entre le français du Québec et le français "standard" concerne aussi bien le vocabulaire et la prononciation que la construction des mots et des phrases.

Pourquoi une telle différence?

Les raisons sont essentiellement historiques. La langue française s'est établie en Amérique du Nord au XVII ème siècle, lors de la colonisation française. Les colons venaient en grande majorité de Normandie et du Centre-Ouest de la France. La variété de la langue qui s'est développée était un mélange entre des dialectes régionaux de l'époque et le français standard qui commençait à prendre forme en France. Dans l'hexagone, en effet, la langue a subi l'effet des lois d'uniformisation pour arriver à la langue qu'on connaît aujourd'hui. Le français du Québec a, par contre, continué son évolution seul. Il s'est développé en vase clos et au contact d'un environnement anglophone dominant. Ce qui donna naissance à de nombreux emprunts.

Les Québécois n'aiment pas qu'on tente de les imiter ou qu'on se moque de leur façon de parler. Ayant été "abandonnés politiquement" par leurs cousins français, ils supportent mal leurs critiques à cet égard. Les Québécois sont souvent fiers de leurs particularités et veulent préserver leur langue. Ils ont d'ailleurs leur propre "Office de la Langue française" qui détermine la norme à suivre.

Des divergences à divers niveaux?

Tout d'abord au niveau de la prononciation. L'accent québécois est assez caractéristique, au point qu'il rend parfois la compréhension du message, assez difficile. Il n'en est pas moins savoureux. Cette prononciation remonte à celle de la France d'avant la révolution et possède ses lettres de noblesse. Quelques traits frappants de la prononciation québécoise: le "a" se prononce plus en avant et devient "o", le "oi" devient "wé" ou encore l'ajout du "s" après "t" et du "z" après le "d" mais uniquement devant le "i" et le "u". Exemple "tu" devient "tsu" ou "dix" devient "dzis". Ainsi donc, "moi là, je te dis… " est prononcé "mwé lô chte dzi…".

La langue québécoise est aussi caractéristique, en ce qui concerne la construction des mots et des phrases. Ainsi "aller" a gardé sa forme archaïque et se dit "j'vas". Certaines formes verbales peuvent aussi être crées comme "i jousent" (ils jouent) et même "i sontaient" (ils étaient). Le futur se forme avec aller: "j'vas manger".

Mais c'est surtout au niveau du vocabulaire et des expressions idiomatiques qu'on trouve le plus d'originalité. Il y a des archaïsmes, ces anciens mots du français, tombés en désuétude chez nous, mais encore utilisés là-bas: un "char" (voiture), "jaser" (bavarder), "débarrer" (ouvrir). On trouve aussi des mots anglais qui sont francisés comme "canceller" (angl. to cancell) pour annuler ou une "toune" (angl. tune) pour une chanson ou encore "bécosses" (angl. back-houses) pour les toilettes.

Par contre, certains mots ne sont pas francisés mais traduits mot à mot. Dans un restaurant, on vous dira "bienvenue" (angl. welcome) non pas pour vous accueillir mais en réponse à votre merci et vous signifier "y a pas de quoi". Les employés québécois comptent leur "surtemps" (angl. overtime) et non leurs heures supplémentaires. Les enfants mangent des "chiens chauds" et pas de hot dog et boivent "liqueurs douces" (angl. soft drinks) c'est à dire des boissons sans alcool. Mais aussi, le samedi, on aime "magaziner" au lieu de faire du lèche-vitrine.

Il y a aussi des "québécismes", des mots nouveaux créés pour désigner des réalités et des phénomènes proprement québécois. Par exemple: l'"orignal" est un élan du Canada, la "cabane à sucre" est un petit restaurant dans une érablière où l'on consomme des spécialités à base d'érable. Le français du Québec regorge d'expressions qui nous sont inconnues comme: "il m'a chargé 3 piasses" (il m'a fait payer 3 dollars), "être en bibitte" (être très énervé), "va prêcher dans ta paroisse" (occupe-toi de tes affaires).

Pour être complet, il faut aussi aborder le domaine des insultes et des injures qui en québécois sont très particulières. La plupart des jurons sont liés au vocabulaire de l'Eglise. Celle-ci a exercé une telle influence dans l'histoire locale que les mots qui lui sont associés, ont été détournés pour prendre un caractère offensant. Dire des gros mots se dit d'ailleurs "sacrer". Ainsi "ostie", "tabernac", "câlisse" sont vraiment à proscrire si on se trouve en bonne compagnie.

A vous de jouer

Le québécois n'a plus de secret pour vous ? Alors un petit test pour contrôler votre niveau. Et puis, comme on dit là-bas : "anyway, l'important c'est qu'on a du fun !"

Traduisez en français "standard" les expressions suivantes :

  1. Tanker son char

  2. S'enmitaner

  3. Travailler pour des pinottes

  4. Se sucrer le bec

  5. Aller cruiser

  6. C'est plate

  7. Faire la baboune

  8. Un câlin-fillette

  9. Une Marie quatre poches

  10. Aimez-vous les nananes ?

  11. C'est tiguidou !

  12. Etre en bibitte

    Solutions

 

Anne-Françoise COUNET

D'après "Le Québécois de poche"Assimil, collection "Langues de poche", France, 2004


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