Nouvelles de Flandre
Cinéma : Histoire de Frères

Au mois de mai dernier, Luc et Jean-Pierre Dardenne ont reçu une seconde palme d'or pour leur nouvel opus, "L'enfant", rejoignant Coppola, Immamoura, Kusturica et le moins connu Bille Auguste au Panthéon des cinéastes.

Certes, leur cinéma ne déclenche pas le même enthousiasme que des saga comme "Star Wars", "Le Seigneur des anneaux" ou "Harry Potter". Mais leur cinéma dit social est intelligent et il faut en être fier.

En suivant l'itinéraire chaotique d'un jeune couple de Serésiens vivant d'allocations et de petits boulots et que la naissance d'un enfant va bouleverser, les frères, comme tout Cannes les appelle désormais, nous plongent dans la dure réalité du crassier social contemporain.

Le point de départ - un jeune père qui vend son bébé pour une poignée d'euros - pouvait laisser craindre une surenchère pathétique ou misérabiliste. Heureusement, il n'en est rien. Ancré dans un monde terrifiant, le nôtre, au plus profond de l'abjection, "L'Enfant" dévoile ce que l'on ne veut généralement pas voir et que le cinéma rechigne à nous montrer.

Le récit est poignant sans être d'une noirceur irréversible. Les deux cinéastes liégeois nous offrent une prise de conscience et un moyen, l'amour, pour inverser le cours de vies apparemment condamnées au néant mais peut-être pas de manière inéluctable. Quant aux acteurs, Jérémie Renier (déjà de l'aventure de "La Promesse" en 1996) et Déborah François, la nouvelle trouvaille des frères, ils font exister cette histoire et ces personnages magnifiquement.

Sinon, l'été fut rude pour le cinéma français. Retenons juste un autre film présenté à Cannes, "Peindre ou faire l'amour" de deux autres frères, Arnaud et Jean-Marie Larrieu, avec Sabine Azéma, Daniel Auteuil, Amira Casar et Sergi Lopez.

Un couple à l'aube de sa retraite flashe sur une maison en ruine en pleine campagne et décide de tout plaquer pour aller s'y installer. Ils hébergent un couple de voisins dont la maison vient de brûler, tissant bientôt des liens qui dépassent vite la simple amitié.

Au-delà de l'aspect racoleur des relations échangistes entre couples, "Peindre ou faire l'amour" retourne à la source des envies et des sensations premières souvent négligées tout au long d'une vie professionnelle. Voilà une comédie de mœurs pleine de fraîcheur, d'originalité et de fantaisie.

 

Pierre GERMAY


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