Nouvelles de Flandre
Cinéma : Retour sur des César délicieusement non conformistes

Si, parmi les belges, Emilie Dequenne, Jérémie Renier et Benoît Poelvoorde n'ont pas été récompensés, Yolande Moreau a, quant à elle, raflé les lauriers de la meilleure actrice et de la meilleure réalisatrice avec son compagnon, Gilles Porte.

Découverte avec la troupe des Deschiens puis avec son one-woman show "Une sale affaire", la comédienne belge atypique est passée à la réalisation. "Quand la mer monte", c'est l'histoire d'amour d'une comédienne ambulante et d'un porteur de géants flamand, l'extraordinaire Wim Willaert. Entre poésie et noirceur, Yolande Moreau a touché les professionnels du cinéma après le public.

Tout aussi loin des strass et paillettes, "L'esquive" de Abdellatif Kechiche remporte les César de meilleur film et meilleur réalisateur. Alors que les media nous renvoient une image des banlieues peuplées de jeunes sans emploi qui se bagarrent pour survivre, Kechiche filme des gamins qui s'exaltent. Même dans les cités, on peut tomber amoureux. D'une copine de lycée ou des textes de Marivaux

Servi par des comédiens amateurs, ce film surprise touche par son humanité et son honnêteté, Kechiche n'ignorant pas drogue et violence policière qui font partie du quotidien de ces cités.

Mathieu Amalric, César du meilleur acteur pour "Rois et Reine" d'Arnaud Desplechin, s'inscrit également dans l'anti-conformisme d'un palmarès dont Gérard Jugnot et ses "Choristes" sont les grands absents.

"Rois et Reine" parle de Nora, une jeune femme sur le point de se marier, qui rend visite à un père mourant alors que son ex-copain a été interné par erreur. Desplechin jongle entre deux histoires, l'une dramatique et l'autre burlesque. C'est son film le plus accessible pour un grand public peu habitué à son style bavard et intello où, le temps de longs plans séquences, ses acteurs peuvent donner libre cours à leur inspiration.

Enfin, sorti trop tard pour être aux César, "Le promeneur du Champ-de-Mars" voit Robert Guédiguian quitter Marseille pour nous convier au chevet de François Mitterrand en compagnie d'un jeune journaliste.

Témoin privilégié, celui-ci dresse un portrait troublant des derniers jours du règne d'un homme fier et manipulateur se sachant condamné mais bien décidé à affronter la mort en face. Pas d'éloge ni de condamnation, juste le portrait d'un promeneur incarné par Michel Bouquet exceptionnel de ressemblance avec l'ancien Président français.

 

Pierre GERMAY


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