Lors du Sommet d'Ouagadougou, de novembre 2004, l'Organisation internationale de la Francophonie a admis la Grèce en qualité de membre associé, de même que la Principauté d'Andorre. Cinq pays: l'Arméinie, l'Autriche, la Croatie, la Georgie et la Hongrie ont été accueillis comme observateurs. La Francophonie compte désormais 63 Etats et gouvernements, dont 4 associés et 10 observateurs.

La Grèce, appelée officiellement "République hellénique", est située à la pointe sud-est de l'Europe et a des frontières communes avec la Turquie, l'Albanie, la Bulgarie et l'ancienne République Yougoslave de Macédoine. C'est un pays de montagnes qui plongent dans la Méditer-ranée, la mer Egée et la mer Ionienne. Il comprend toute une série d'îles dont la beauté est proverbiale.

La ville la plus importante, et de loin, est Athènes, la capitale (plus de trois millions d'habitants pour un pays qui en compte onze millions). Son port, le Pirée, est le premier port du pays.

Histoire

Si l'histoire grecque remonte à plus de 4 000 ans, la Grèce moderne a acquis son indépendance définitive en 1830. Mais le nouvel État ne couvre alors qu'une petite partie du territoire habité par les Grecs. Les îles Ioniennes seront récupérées en 1864, la Thessalie et une partie de l'Épire en 1881, la Crète, les îles de l'Égée orientale et la Macédoine en 1913 et la Thrace occidentale en 1919. Les îles du Dodécanèse seront rattachées à la Grèce après la Deuxième Guerre mondiale.

Institutions

C'est la Constitution du 11 juin 1975 qui définit les règles du pouvoir politique. Le pouvoir exécutif est exercé par le Président de la République, élu pour cinq ans, et par le Premier ministre élu par les partis majoritaires au Parlement. Il n'y a qu'une Chambre législative, composée de trois cents membres.

Deux grands partis se partagent les suffrages : la Nouvelle Démocratie (ND), parti de la droite libérale, et le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK). Le parti communiste ne joue plus qu'un rôle marginal.

La Grèce connaît une grande homogénéité linguistique et religieuse. La quasi totalité de la population parle le grec. Plus de 97 % des Grecs appartiennent à l'Eglise orthodoxe. Les autres communautés religieuses sont : la communauté musulmane (environ 120 000 fidèles), l'Eglise catholique (50 000), les Protestants (20 000) et les Juifs (7 000).

L'activité économique

Les trois grandes richesses de la Grèce sont : le soleil et les traces de son passé culturel d'une part, qui amènent un tourisme abondant et la mer qui lui permet d'avoir la plus grande flotte marchande du monde.

L'agriculture, qui utilise pourtant 25 % environ de la population active, reste peu productive en raison de la faible surface utilisable, concentrée dans les plaines irrigables. Comme autres richesses : un peu de pétrole et des minerais (lignite, nickel, bauxite).

Les exportations sont nettement moins importantes que les importations. La balance commerciale est donc déficitaire. La Grèce est obligée d'importer des matières premières, des hydrocarbures, des machines et des biens d'équipement. Les échanges se font presque exclusivement avec les pays de l'Union européenne (Allemagne, Italie, France et Royaume-Uni).

La Grèce, le monde et la francophonie

La Grèce est membre de l'ONU, du Fonds monétaire international, de toutes les institutions occidentales importantes comme l'OCDE, l'OTAN, l'UEO, le Conseil de l'Europe et l'Union européenne.

L'Europe doit à la Grèce les fondements de sa civilisation et jusqu'à son nom même. Europe étant une figure de la mythologie grecque.

Et l'influence du grec se mesure encore au nombre de mots d'origine grecque qui remplissent le dictionnaire.

Molière rendait hommage au grec dans "Les femmes savantes" (Acte 3 scène 3): "Quoi? Monsieur sait du grec? Ah, permettez, de grâce que pour l'amour du grec, Monsieur, on vous embrasse!"

Aujourd'hui, la République hellénique rend la politesse au français en devenant membre associé de l'Organisation internationale de la Franco-phonie (OIF).

Jadis le français était en Grèce la première langue étrangère obligatoire dans l'enseignement. Cette première place a été prise depuis par l'anglais. Mais le français devrait devenir la deuxième langue. En effet, désormais, les élèves grecs devront apprendre une deuxième langue étrangère (français ou allemand) à partir de l'avant dernière année de l'enseignement primaire .

Diplômes de français

Selon l'Eurobaromètre, 9 % des Grecs peuvent être considérés comme francophones. Et la ministre de l'Education, Mme Marietta Giannakou, relève avec un rien d'amertume que c'est plus que dans certains pays qui sont, eux, membres à part entière de l'OIF.

Chaque année, 70 000 Grecs passent le diplôme d'études en langue française (DELF) ou le diplôme approfondi de langue française (DALF). La Grèce est ainsi le pays du monde où l'on passe le plus de certificats de français par an. Ceci, malgré le fait que la France, pour des raisons budgétaires, a fermé la plupart des annexes de l'Institut français d'Athènes (IFA). Heureusement, l'IFA a décidé de faire « peau neuve ».

Soutiens mutuels

Cette renaissance du français en Grèce est due à des intérêts bien concrets. Ainsi, la connaissance du français serait un moyen pour la République hellène de prendre pied sur le continent africain, dont elle est jusqu'ici absente.

Par ailleurs, la Grèce et la France pourraient se soutenir l'une l'autre dans d'importants dossiers futurs.

Ainsi, M. Valinakis, Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères a demandé le soutien de l'OIF à la candidature de la Grèce pour EXPO 2008. Les Grecs s'engageant à ce que le français y soit langue officielle. Pour sa part, la France espère que la Grèce, pays organisateur actuel, appuiera la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2012.

Notons cependant que selon Hervé Bourges, nommé "grand témoin de la francophonie" et chargé par l'OIF d'établir un rapport sur la présence du français aux Jeux Olympiques d'Athènes, "le français a été maltraité, la Charte olympique a été constamment violée". Rapellons que l'article 27 de la Charte olympique désigne le français comme langue officielle des Jeux à part égale avec l'anglais. "Il y a des points positifs, comme, pour la première fois, la traduction complète du site Internet du Comité organisateur en français", précise Hervé Bourges. Mais dans la ville et dans les stades, notre langue était sous-représentée, voir complètement absente.

Gageons qu'en entrant dans la Francophonie, la Grèce rende désormais au français la place qui lui revient.

Marcel BAUWENS

Président honoraire de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB)
Administrateur de l'APFF