Nouvelles de Flandre
2005 : Année du dialogue entre Flamands et francophones ?

Outre la promotion de la langue et de la culture françaises, notre association a toujours plaidé pour une meilleure entente entre Flamands et francophones. Nous sommes donc heureux des propos tenus par les plus hautes personnalités du pays, au moment de tourner la page vers l'an 2005.

Le Roi, dans son discours traditionnel de fin d'année, a évoqué la volonté de "mieux vivre ensemble". Il a déclaré que "l'harmonie de l'unité dans le respect de la différence, et le refus du repli identitaire, sont des messages que notre pays peut présenter à d'autres". Sa Majesté a ajouté: "Soyons conscients et fiers de cette vocation".

De son côté, le Premier ministre, Guy Verhofstadt a exprimé le souhait que 2005 soit "l'année du dialogue renforcé". Il a souligné qu'"après plus de 40 ans de tensions entre Flamands et Francophones, à et autour de Bruxelles, il est temps de déminer définitivement la situation. Non pas par un vote Flamand contre les Francophones, non pas par confrontation, mais par le biais d'un compromis, sans vainqueur ni perdant, par un accord approuvé par les deux grandes communautés de notre pays."

Le Roi et le Premier ministre, ont chacun rappelé le programme de deux anniversaires: les 175 ans d'existence de la Belgique et les 25 ans du système fédéral! Les festivités qui auront lieu à cette occasion se feront sous l'intitulé: "175-25, le temps des rencontres".

Les organisateurs des festivités insistent sur la volonté de se tourner vers l'avenir et d'impliquer les jeunes dans tout le programme qui doit témoigner de la modernité et du dynamisme de notre pays.

Sept thèmes - les sept piliers de la sagesse? - ont été retenus pour exprimer le contenu de l'ensemble des activités:

1. La Belgique fédérale et institutionnelle: il s'agit de bien faire comprendre aux jeunes en particulier, les structures actuelles de l'Etat.

2. La Belgique en mouvement: le pays va bouger en moto, en vélo, en rollers et un programme sportif est prévu pour les enfants de 10 à 12 ans.

3. La Belgique culturelle: tous les aspects culturels présents et passés seront présentés: arts plastiques, musique, littérature, cinéma, art chorégraphique.

4. La Belgique du folklore: toute la richesse de nos traditions seront mises en valeur au cours de cortèges et de fanfares. Un folklore qui s'est fait une réputation internationale.

5. La Belgique économique et sociale: le niveau économique que nous avons atteint et nos réalisations de protection sociale font de notre pays une partie du monde où il fait bon vivre. L'intention est aussi de rappeler le dynamisme de nos entrepreneurs et de nos travailleurs.

6. La Belgique festive: le sens de la fête sera illustré par plusieurs activités dont le programme: "la Belgique danse" qui se déroulera dans une dizaine de villes et par les fêtes du 21 juillet qui auront lieu à l'Atomium à Bruxelles.

7. La Belgique de la qualité de vie: la qualité de vie est une richesse que l'étranger nous envie. La protection de l'environnement, la qualité de l'alimentation, l'organisation des loisirs, dont l'accès à la culture, caractérisent notre vie en commun.

Il est créé un "PASS 175-25" qui se présente sous forme d'un carnet de chèques et qui, pour le prix très avantageux de 30 EUR donne accès aux expositions prestigieuses prévues (voir site: www.175-25.be).

Des vœux pieux?

A peine ces vœux de dialogue ont-ils été exprimés, que les dissensions politiques se réaffirment. La montée en force du Vlaams Belang impose le ton aux autres partis flamands et entraîne toute la Flandre dans une spirale conflictuelle. Nous l'avons souligné déjà: la Flandre développe une véritable stratégie tendant à isoler d'abord, à éradiquer ensuite, la minorité francophone présente sur son territoire.

Communes à facilités

Le Conseil d'Etat a rejeté le 23 décembre les recours en annulation introduits contre les circulaires Peeters et Martens, prises en 1997 et 98 par le gouvernement flamand. Elles imposent aux francophones des communes à facilités de la périphérie de Bruxelles de demander la traduction d'un acte administratif à chaque fois qu'ils en reçoivent un et ne leur permettent plus de recevoir cette traduction systématiquement, sans devoir répéter la demande. Ces décisions ont suscité une vive polémique entre partis francophones et flamands. Aux yeux des francophones, ces circulaires reviennent en effet à vider les facilités linguistiques de leur sens et est contraire à la loi.

Bruxelles-Hal-Vilvorde

La scission de l'arrondissement électoral et judiciaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde est une vieille revendication flamande faite dans l'optique de la flamandisation totale de la province du Brabant flamand. Or, il est clair que l'actuelle situation n'est pas le fruit d'une décision unilatérale francophone. Elle résulte d'une négociation où l'on a procédé à un "donnant-donnant" dans tout un ensemble de points litigieux. En toute logique, si l'on remet en cause un point particulier, il est normal de restituer ce qui a été concédé.

Accord culturel

Nous avons insisté à de multiples reprises ici sur la nécessité de signer un accord culturel entre les communautés. Nous avons fait apparaître le caractère insensé de la situation actuelle qui a conduit nos communautés à signer de tels accords avec bon nombre de pays et de régions, mais pas entre elles! Nous nous réjouissons donc d'apprendre que les ministres de la Culture Fadila Laanan (Communauté française) et Bert Anciaux (Flandre) entament des négociations dans le but de passer un accord culturel entre nos deux grandes communautés.

"La Libre Belgique" (24/12/04) écrit à ce propos: "Jusqu'ici, ce type d'accord a toujours buté sur des revendications territoriales des uns et des autres. On veillerait ici à limiter l'accord à la culture, pour supprimer cet obstacle. Le but est que les artistes, les spectacles, les institutions, les musées d'une communauté puissent être mieux mis en valeur dans l'autre, que des artistes de Liège soient par exemple à Anvers et réciproquement."

Nous voudrions simplement rappeler aux ministres qu'il existe en Flandre des dizaines d'associations culturelles francophones qui proposent de nombreuses activités. Leur existence est la preuve indéniable qu'elles répondent à un besoin. Hélas, suite aux démarches des autorités flamandes qui ont saisi d'une plainte la Cour d'arbitrage, la survie d'une partie d'entre elles est mise en péril. En effet, suite à cette démarche, il est désormais interdit à la Communauté française, qui les subsidiait, de continuer à le faire. D'autre part, le ministre flamand de la Culture de l'époque a déclaré que la Flandre elle-même n'aiderait pas ces associations.

C'est l'étranglement culturel entre deux portes! Seuls la haine du français et la volonté de bouter le français hors de Flandre peuvent expliquer une telle mesure.

Souvenons-nous de ce que disait le rapport Nabholz qui a fait l'objet d'un vote positif au Conseil de l'Europe: "Les plaintes des francophones vivant en Flandre que j'ai trouvées les plus fondées étaient celles qui concernaient la culture (...) les francophones ont donc beaucoup de mal à faire vivre la culture francophone en Flandre."

Convention-cadre

Il suffirait de signer un accord culturel sans tenir compte des problèmes rencontrés par les associations culturelles francophones actives en Flandre (subventions, locaux, ...) et de ratifier la convention cadre sur la protection des minorités nationales sans tenir compte de l'existence d'une minorité francophone sur l'ensemble du territoire flamand, pour assister, à terme, à la disparition des francophones de Flandre.

Soulignons que dans la déclaration du gouvernement flamand de juillet dernier, il est écrit noir sur blanc que la Flandre ne ratifiera en aucun cas la Convention-cadre sur la protection des minorités nationales.

Pouvons-nous espérer que, dans un moment de lucidité, de grâce politique et de bonne volonté réciproque, on finira par signer un accord global "sans vainqueur ni vaincu"? Et que, dans l'Histoire, 2005 s'inscrive comme la date de l'apaisement communautaire?

 

Marcel BAUWENS

Président honoraire de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB)
Administrateur de l'APFF


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