Nouvelles de Flandre
Privilégions le rapprochement entre Flamands et francophones

La Belgique vit le plus grand paradoxe et la plus grande contradiction de son histoire! En effet, les hommes politiques de tous les partis flamands présentent des exigences d'autonomie qui risquent fort de mener à la scission de la Belgique. Alors que des sondages montrent que les Belges, flamands et francophones, souhaitent, à une écrasante majorité, le maintien de l'unité du pays.

Le bureau INRA a procédé à un sondage pour le compte des quotidiens "Vers l'Avenir" et "Het Nieuwsblad". Il fait apparaître que 84 % des Flamands et 92 % des Wallons veulent le maintien de la Belgique. Pour "Le Soir magazine", c'est l'institut "Dedicated Research" qui a procédé à un sondage d'où il ressort que 93% des Flamands répondent "oui" à la question: "souhaitez-vous que la Belgique continue à exister?" Les résultats des sondages se confirmant, il ne peut y avoir de doute sur cette volonté populaire.

Il y a donc une contradiction flagrante entre les préoccupations et les projets des hommes politiques flamands et le vœu des électeurs.

Autre indication très nette: il n'appartient pas, sans plus, aux politiciens de décider de l'avenir de la Belgique. Si la question se posait, 52% des Flamands et 44% des Wallons souhaiteraient le recours à un referendum!

Les données sur l'état d'esprit des Flamands et des Wallons sont suffisamment parlantes pour qu'on puisse - ce que nous faisons pour notre part depuis des années - inciter les hommes politiques à viser le rapprochement de nos communautés et non leur séparation à terme.

Un dialogue responsable

Le Premier ministre, Guy Verhofstadt, pour sa part a déclaré nettement que: "tout le monde a intérêt à vivre dans un pays avec moins de tensions communautaires". Il en a appelé à la bonne volonté de chacun pour engager "un dialogue responsable". Il a souligné que "ceux qui croient qu'une communauté imposera sa volonté à l'autre se trompent".

Il n'est pas que le Premier ministre à plaider l'esprit de conciliation. Lors de la réception officielle de la Fête de la Communauté française, Marie Arena, ministre-présidente a déclaré notamment: "… il faut choisir entre construire une identité positive tournée vers les autres et donc vers l'avenir ou opter pour une identité négative, repliée sur elle-même et véhiculant les égoïsmes les plus extrêmes.

Pour moi le choix est fait, si l'on veut inscrire l'avenir de notre pays et de notre Communauté dans une voie adulte, riche matériellement, mais surtout humainement, grande d'âme et d'esprit, tenons avant tout un discours réfléchi et emprunt de volontarisme au profit des vrais problèmes de nos concitoyens."

Et elle ajoute: "Privilégions la concertation et la coopération. Préférons le dialogue. Encourageons le rapprochement. Voyons l'enrichissement mutuel. Nous devons prôner le mieux vivre ensemble, l'ouverture aux autres, le respect des différences. La solidarité doit triompher du chacun pour soi. Que la fraternité gomme l'égoïsme. Que l'écoute, la rencontre, la compréhension dissipent la méfiance.

Les cultures ne s'enrichissent jamais en s'isolant et en s'opposant. Elles sont toujours gagnantes dans la rencontre, la connaissance et la reconnaissance des autres. (...)

Résolument, l'équipe du Gouvernement de la Communauté française veut s'engager dans cette dynamique constructive avec, nous l'espérons vivement, l'ensemble des niveaux de pouvoir de ce pays. Il nous semble en effet importantissime que nous contribuions de concert au bien-être des Wallons, des Bruxellois et des Flamands."

L'avenir du français en Flandre et du néerlandais en Wallonie devrait être un point important dans toute négociation politique sur les relations Flandre-Wallonie-Bruxelles. Cette question conditionne la recherche d'un modus vivendi intelligent entre Flamands et francophones.

Des déclarations qu'elle a faites à la "Libre Belgique", il ressort que Mme Arena en a saisi la portée. Elle dit notamment son intention de proposer au gouvernement flamand la conclusion d'un accord de coopération en matière d'apprentissage des langues.

"Cela porterait sur des échanges d'enseignants. Mais aussi sur des jumelages d'écoles et sur une meilleure utilisation des nouvelles technologies. Aujourd'hui toutes les écoles ont leurs cyber-classes et disposent de webcam. Organiser le jumelage d'une école francophone avec une école néerlandophone et faire parler des petits Wallons avec des petits Flamands via une webcam, c'est possible et cela ne coûte pas cher."

Initiatives culturelles

Il est clair que si nous voulons continuer à vivre ensemble, cette volonté est incompatible avec une méfiance mutuelle. Nous proposons que soient mis en pratique les moyens culturels qui permettront de mieux se connaître et donc de s'apprécier davantage entre Flamands et francophones.

L'encouragement à l'apprentissage du français en Flandre et du néerlandais dans la partie francophone du pays est un élément essentiel. Il y en a d'autres!

On pourrait envisager la création d'une chaîne de télévision commune en s'inspirant de l'exemple de "Arte" qui œuvre - o combien intelligemment - à la bonne entente entre Français et Allemands. Ou, plus modestement, sous-titrer une sélection d'émissions. Peut-être faudrait-il, dans chaque région, mettre à la disposition des associations culturelles de l'autre communauté, des locaux publics pour faciliter leurs activités. Et celles-ci seraient librement subventionnées.

Tant d'autres initiatives peuvent être envisagées. Quelques-unes sont d'ores et déjà réalisées.

Relevons par exemple l'initiative prise par Alain Berenboom, écrivain et "tintinologue". A l'occasion du 70ème anniversaire du roi et du 75ème anniversaire de Tintin, il a lancé l'idée d'une collaboration entre écrivains francophones et flamands. Onze nouvelles ont été rassemblées sous le titre "Drôles de plumes. Tintin au pays du roi des Belges."

Depuis peu s'est ouvert à Bruxelles, rue Antoine Dansaert, Passa Porta, un lieu de rencontres intellectuelles. Outre une librairie internationale, une scène, des salles d'exposition, un bar où peuvent se nouer des relations intellectuelles entre créateurs francophones, flamands et étrangers. Passa Porta est l'œuvre de deux associations, l'une flamande "Het Beschrijf", l'autre francophone "Entrez lire" et reçoit l'appui des deux communautés.

A Anvers, le Centre des Cultures du monde privilégie les échanges entre cultures et communautés. Il accueille bon nombre de créateurs des pays du sud mais également d'autres pays européens et plus spécialement de Wallonie et de France.

La raison d'être de l'APFF

Il nous semble que nous sommes arrivés à la croisée des chemins. Puissions-nous nous engager dans celui du bon sens!

La raison d'être de notre association, c'est la promotion de la langue et de la culture françaises. Et, dans un souci permanent de rapprochement entre nos deux grandes communautés, nous n'avons pas cessé de revendiquer avec vigueur deux actes importants:

1. la ratification de la convention-cadre sur la protection des minorités. Nous n'avons pas l'intention de créer quelque problème que ce soit. Nous voulons simplement faire apparaître cette vérité, jusqu'ici niée par la Flandre: il existe une minorité francophone en Flandre, d'ailleurs reconnue par le Conseil de l'Europe, et cette minorité entend faire respecter ses droits culturels. C'est tout!

2. aux fins d'améliorer les relations entre le nord et le sud du pays, nous voudrions que soit signé un accord culturel.

La culture est notre problème par excellence et à nos yeux il est absurde que nos deux grandes communautés signent des accords culturels avec des pays étrangers, mais pas entre elles.

Il n'y a guère, Jean-Luc Outers, responsable du service de la promotion des lettres du ministère de la Communauté française, notait: "il n'y a aucun accord culturel entre les deux communautés. Sur le plan institutionnel, rien n'est organisé pour permettre les échanges entre elles. Par exemple, il est plus facile pour moi d'inviter un écrivain finlandais qu'un écrivain flamand, car il y a un accord culturel géré par le CGRI (Commissariat général aux relations internationales) qui prévoit des budgets pour cela."

Nous avons plaidé d'une manière permanente pour que les négociateurs politiques mettent une bonne fois pour toutes l'ensemble des litiges sur la table et qu'on en finisse avec le contentieux communautaire qui empoisonne la vie publique depuis des décennies. Espérons que le vœu exprimé par Guy Verhofstadt: "ensemble nous pourrons accompagner le dernier pas de l'Etat unitaire belge vers un Etat fédéral adulte", devienne réalité.

 

Marcel BAUWENS

Président honoraire de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB)
Administrateur de l'APFF


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