Nouvelles de Flandre
L'APFF et "Nouvelles de Flandre" : bilan et projets aprés 5 ans d'existence

Il y a quelques années déjà que l'Association pour la promotion de la francophonie en Flandre fait preuve d'un dynamisme admirable dans la défense des intérêts culturels des francophones habitant au nord de la Belgique. Il nous a paru utile de dresser un bilan d'activité et d'examiner les projets de l'association à l'occasion d'un anniversaire : le cinquième ! Nous avons donc interrogé son directeur, Edgar Fonck, pour en apprendre un peu plus.

Si vous deviez vous présenter à nos lecteurs, que diriez-vous de vous ?

Que je suis né en 1955 à Ixelles, dans la région bruxelloise, marié et père de trois enfants. Que je suis licencié en sciences psychologiques et pédagogiques de l'Université Libre de Bruxelles où j'ai travaillé en tant que chercheur jusqu'en 1989. Je me suis ensuite spécialisé dans les technologies de l'information et plus particulièrement celles liées à l'internet. Depuis plus de 10 ans, j'habite en Flandre. Fervent défenseur de la langue et de la culture françaises je fais partie des membres fondateurs du Club Richelieu Littoral, dont j'assure aujourd'hui la présidence. C'est grâce au Richelieu, le seul club de services qui soit exclusivement d'expression française, présent dans la plupart pays francophones, que j'ai découvert la francophonie.

Quand est née l'APFF ? Dans quel but et dans quelles circonstances ?

Tout a commencé par des discussions entre amis. Nous nous sommes rendu compte qu'un nombre important d'associations proposaient des activités en français en Flandre : des conférences, des visites guidées, des pièces de théâtre, ... Mais l'information circulait mal. Par manque de moyens ou par crainte des extrémistes, notamment après les incidents lors de séances d'Exploration du monde, la plupart des initiatives ne bénéficiaient d'aucune publicité et étaient relativement méconnues.

Il était donc indispensable à nos yeux de disposer d'un outil de communication efficace destiné à tous ceux qui s'intéressaient à la langue française et à sa culture, d'entretenir des liens entre les francophones et de les faire connaître au-delà de leurs frontières.

Si les francophones n'ont plus l'occasion de se rencontrer, de faire des activités entre eux, on parlera de moins en moins le français en Flandre. Les francophones auront de plus en plus tendance à se cacher et quand on se cache, on finit un jour par disparaître.

Nous ne voulions pas en rester là. C'est ce qui nous a conduit à créer l'APFF en août 1998. Nous avons débuté par un site internet. Le premier numéro des « Nouvelles de Flandre » est sorti de presse quelques mois plus tard, en janvier 1999.

Comment votre initiative a-t-elle été accueillie ?

Qualifiée de pari audacieux par certains, notre initiative, qui repose exclusivement sur un souci d'ouverture culturelle, a reçu un excellent accueil auprès des médias. A ce jour, ce sont plus de 150 articles, reportages radio ou TV qui ont été consacrés à notre association, tant en Belgique qu'à l'étranger.

Grâce à la participation d'une soixantaine d'associations culturelles, alors qu'elles n'étaient qu'une dizaine au début, notre association a pu assurer la promotion de plus de 2.000 activités depuis sa création, via l'agenda qu'elle publie dans les « Nouvelles de Flandre ».

L'existence de ces associations francophones est la preuve indéniable qu'elles répondent à un besoin. Et elles étaient, à ce titre, aidées par la Communauté française. Hélas, suite aux démarches des autorités flamandes qui ont saisi la Cour d'arbitrage, la survie d'une partie d'entre elles est mise en péril. En effet, les autorités flamandes ont obtenu en mai 2000 qu'il soit interdit à la Communauté française de continuer à subventionner les associations culturelles francophones en Flandre. D'autre part, le Ministre flamand de la Culture a déclaré que la Flandre elle-même n'aiderait pas ces associations.

Devant cet état de fait, l'APFF a décidé de passer à l'action. Elle a rencontré, en janvier 2001, Madame Lili Nabholz-Haidegger, chargée, par la Commission des questions juridiques et des droits de l'homme du Conseil de l'Europe, d'établir un rapport au sujet des minorités en Belgique.

L'APFF s'est donc lancée dans la politique ?

Non, absolument pas. Soyons bien clairs : l'APFF a toujours dit qu'elle ne poursuivait aucun but politique et qu'elle n'entendait nullement remettre en cause le statut linguistique de la Flandre. Nous voulons simplement que le français, l'une de nos langues nationales, ait droit de cité en Flandre au même titre que toute autre langue.

La rencontre avec Madame Nabholz ainsi que la « lettre ouverte » que nous avons envoyée au Roi, à toutes les autorités politiques de notre pays et aux 602 membres de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe ont probablement été des éléments déterminants lors de la reconnaissance de l'existence d'une minorité francophone en Flandre. Ces actions ont toutefois été uniquement menées par souci de sauvegarder les libertés démocratiques et d'assurer le respect de droits élémentaires. C'est à terme la survie de notre langue et de notre culture en Flandre qui est en jeu.

Comment êtes-vous perçus du côté flamand ?

Les 300.000 francophones qui vivent en Flandre ne sont pas compris. Ils rencontrent deux types de problèmes : d'ordre administratif, dans les communes à facilités de la périphérie de Bruxelles, et d'ordre culturel dans toute la Flandre. Le français, une de nos langues nationales a, au nord de la Belgique, le statut de langue étrangère.

L'état d'esprit qui règne, en Flandre, à l'encontre des francophones est difficilement compréhensible lorsqu'on sait que les flamands ont aujourd'hui en mains le pouvoir politique majoritaire, le pouvoir économique et financier et qu'ils ont atteint tous les objectifs culturels que le mouvement flamand s'était jadis assignés. On peut se poser la question : « que veulent-ils de plus ? »

Hé bien, force est de constater qu'ils veulent faire disparaître tout ce qui est francophone en Flandre. Sans les initiatives culturelles privées, prises dans des conditions difficiles par un grand nombre d'associations francophones, la diversité culturelle serait réduite à un minimum indécent.

Il ne faut dès lors pas s'étonner que la participation de l'APFF au colloque organisé à Quebec par l'Année francophone internationale et le soutien que nous avons obtenu de la part de plus de cent intellectuels francophones de ving pays différents n'a pas été du goût de l'OVV (Overlegcentrum van Vlaamse Verenigingen) qui coiffe une cinquantaine d'associations flamandes. Via l'OVV les Flamands ont essayé, sans grand succès, de minimiser les problèmes que nous rencontrons.

L'APFF a certainement des projets, mais a-t-elle pour autant un avenir ?

Suite à l'arrêt de la Cour d'arbitrage, l'APFF a connu trois années difficiles. Mais elle a procédé à une réorganisation complète et a retrouvé un équilibre financier en 2003, non sans laisser une ardoise de 15.000 euros qu'il faudra bien un jour éponger. Notre marge de manoeuvre reste donc étroite. Néanmoins, la refonte de notre magazine et de notre site internet est à l'ordre du jour.

Nous voulons bien entendu continuer à suivre l'évolution d'une série de dossiers importants : ratification de la Convention cadre sur la protection des minorités, signature d'un accord culturel entre la Flandre et la Communauté française et subventionnement des associations francophones. Sans oublier le développement de nos relations au niveau international.

Pour réaliser ces objectifs, l'APFF devra se doter d'un secrétariat permanent. C'est à ce prix que nous pourrons poursuivre efficacement notre action. Nous serons alors prêts, dès que notre pays aura trouvé le chemin de la raison, à participer à la mise en oeuvre d'échanges culturels fructueux entre nos communautés.

 

Propos recueillis par Marcel BAUWENS

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