Nouvelles de Flandre
Pierre Kroll: Comment garder son crayon belge toujours affûté pour décortiquer l'actualité?

Salle comble, le 30 novembre dernier, à la Maison de la Francité, pour écouter Pierre Kroll qui, depuis de longues années, dessine et raconte à sa façon, les enjeux de notre société et les aléas de la politique belge. Lors de cette conférence articulée autour de nombreux dessins, Kroll a expliqué comment "il gardait son crayon belge bien affûté".

Un dessinateur belge

Pierre Kroll est né en 1958 au Congo Belge, pays qu'il a quitté à l'indépendance. Cette anecdote, que sa mère lui a très souvent rappelée, en dit long: revenu enfant du Congo, il voit le "grand Saint-Nicolas", l'homme blanc lui fait peur et il se réfugie chez le Père Fouettard, homme noir, tel qu'il en a vu beaucoup plus que de blancs dans son Congo natal! De quelle culture, de quel pays est-on vraiment? Il a vécu dans une famille de trois enfants, entre une mère catholique pratiquante et un père athée. "Mon père ne mettait pas un pied dans une église. Lorsque nous avons fait notre communion, il attendait à l'extérieur la fin de la cérémonie pour faire des photos". Ces différents lieux de vie et divergences de points de vue l'ont formé à une large ouverture d'esprit.

Plusieurs cordes à son arc

Architecte et licencié en Sciences de l'environnement, il devient, dès 1985, dessinateur indépendant. Il est le caricaturiste attitré du journal Le Soir et de l'hebdomadaire Ciné-Télé-Revue. Pendant 30 ans, il dessine en direct lors des débats politiques à la télévision. En 2015, il ajoute (encore) une corde à son arc_: la scène. Il tourne un peu partout à Bruxelles et en Wallonie (et même à Paris et Kinshasa) avec un spectacle, à mi-chemin entre le one-man show et la conférence.

La belgitude caricaturée

Kroll illustre les "accents belges" de sa vision de notre société, par la projection de nombreux dessins. Il explique qu'"il y a quelque chose de jubilatoire à se moquer des puissants", souvent en s'attaquant à leur physique. Et d'illustrer par une caricature de Maggie De Block qui, pas rancunière pour un sou, lui a affirmé: "J'adore vos dessins, Monsieur Kroll, et vous n'oubliez jamais mes boucles d'oreilles".

La caricature n'est pas que moquerie. C'est aussi un moyen d'exprimer son point de vue sur un événement. Le caricaturiste a souligné combien le dessin de presse était bousculé depuis l'attentat à Charlie Hebdo. Kroll a été affecté par cette tuerie car il connaissait, plus ou moins personnellement, les six dessinateurs qui ont été abattus le 7 janvier 2015. Le lendemain, il a publié le dessin d'un tableau vide avec la mention "ceci n'est pas Mahomet" à l'instar du tableau de Magritte. Pour terminer, parmi ces morceaux choisis, parlons du dessin publié par Kroll lors de l'arrivée de personnages de BD dans les passeports belges. "Nous, on a mis Tintin, les Stroumpfs, etc. dans nos passeports. Vous imaginez l'image qu'on donne de nous à l'étranger... Moi, j'aime ce genre de choses typiquement belges". En effet, on assume notre belgitude.


Anne-Françoise COUNET

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