Alors qu'est toujours à l'affiche la Palme d'Or de Cannes, "Anatomie d'une chute" &endash; l'analyse intelligente que la Française Justine Triet fait des difficultés d'un couple alors que l'épouse est accusée du meurtre de son mari_&endash; la rentrée a sonné pour d'autres films français.
C'est le cas pour "Un métier sérieux" de Thomas Lilti, un film plein d'humanité sur le monde des enseignants, dont l'image est souvent dévalorisée. Des enseignants sous pression, confrontés à des jeunes de plus en plus récalcitrants à l'autorité. Le film n'évite pas les sujets qui fâchent, comme l'exclusion d'élèves, tout en pointant la part de responsabilité des parents.
Le tout avec un beau casting: François Cluzet en vieux de la vieille qui dispense ses conseils à tout-va, Vincent Lacoste, le p'tit nouveau qui cherche sa place, et Adèle Exarchopoulos, la touche de sensibilité féminine du film.
Vrai coup de cœur de cette rentrée, "Le syndrome des amours passées", présenté à la Semaine Internationale de Critique à Cannes, est une comédie du duo franco-belge Ann Sirot et Raphaël Balboni, à qui l'on doit "Une vie démente", récompensé de sept Magritte en 2022.
Ici, c'est l'histoire d'un jeune couple qui, ne parvenant pas à avoir d'enfant, suit le conseil de leur médecin: refaire l'amour avec leurs ex! Ce sera aussi une manière de reconsidérer l'amour entre eux, d'inventer de nouvelles formes de relations amoureuses.
Ce film est un pur moment de joie, une comédie absurde et narquoise à la fois qui questionne notre rapport à la fidélité avec drôlerie. Une comédie menée par un couple d'acteurs très complices, Lucie Debay et Lazare Gousseau, dont les joutes verbales à elles seules valent le déplacement_!
Enfin, "Une nuit" de et avec Alex Lutz et Karin Viard, très complices eux aussi à l'écran, en clôture d'Un Certain Regard à Cannes, c'est la rencontre nocturne à Paris entre deux inconnus, dans le métro puis dans la rue. S'en suit une longue joute verbale: même si tout semble les opposer, ils vont déambuler ensemble toute la nuit.
Entre sourires et larmes, tendresse et tristesse, les confidences, parfois intimes, s'enchaînent. C'est que, parfois, on se confie plus vite à un étranger. Une belle réussite malgré le côté bavard assumé.
Pierre GERMAY