Nouvelles de Flandre
Vers un déclin de la presse culturelle

Les revues culturelles perdent du terrain, c'est notoire: en clair, ce sont évidemment les chances de sauvegarde mais aussi d'évolution future d'un patrimoine qui s'amenuisent sous nos yeux, mais bien plus encore la survie d'un regard critique et démocratique sur les faits de société et leur devenir.

Nos contemporains ont un besoin incontestable de trouver du sens aux événements et aux décisions qui les concernent_: le tragique quotidien les fait en outre rechercher un légitime divertissement, jamais aussi indispensable depuis l'époque où Blaise Pascal en dénigrait plutôt la valeur! Pour autant, on se contente alors d'une presse où le sensationnalisme et l'éphémère tiennent toute la place, quand il ne s'agit pas des messages diffusés sur le Net et dont rien ne vérifie la véracité!

Prenons dès lors le domaine du livre, mais ce pourrait aussi être celui du film d'auteur ou de la musique classique: mis à part des lecteurs - à leur tour excessifs - qui se flattent de ne jamais lire de romans ni de fréquenter aucun spectacle, on doit reconnaître que bien peu de citoyens optent pour la lecture d'essais, sinon ceux signés par des grandes pointures du moment, soutenues celles-là par les Media les mieux inspirés.

À ce compte, il reste peu de place pour des auteurs plus anonymes, capables de réflexion et de recherche, et qui, le plus souvent, offrent gracieusement leur concours à des revues qu'ils savent en péril: renouveler, dans le futur, la qualité et le nombre des journalistes d'investigation, des correspondants de presse éclairés et des mémorialistes de valeur posera de sérieux problèmes: actuellement déjà, bien des revues sont aux mains, si l'on ose dire, de bénévoles passionnés qui survivent vaillamment sans vrais subsides ni soutiens reconnus.

Aussi faut-il, en cette matière comme pour la défense de l'environnement, compter essentiellement sur les forces vives de la base: ne devons-nous pas cibler davantage nos centres d'intérêt et, singulièrement, nos lectures? Il est de fait que les contenus révélés par les revues et les essais nous apportent souvent un réel enrichissement qui est bien moins ressenti, à long terme, avec un roman ou un magazine! Se souvient-on seulement, après quelques années, de ces pages romancées?

Un de nos maîtres, au temps de nos chères études, recommandait qu'on se choisisse "pour la vie" un philosophe et un poète qu'on adopterait selon son cœur, et sans nul autre critère. Cette invitation pourrait être réactualisée à propos des revues: qu'on en repère une qui ait notre adhésion foncière pour des raisons qui nous sont propres, et qu'elle soit de nature à escorter notre existence pendant longtemps, si elle ne nous déçoit pas.

Là aussi, comme pour la planète, il est grand temps!


Pierre GUERANDE


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