Premier coup de cœur des sorties de mars, "Mon crime" de François Ozon ("8 Femmes") plonge le spectateur en plein milieu des années '30.

Pour éviter d'être à la rue, une jeune comédienne (l'excellente Nadia Tereszkiewisz, double cinéma de Valeria Bruni-Tedeschi dans "Les Amandiers") a un plan machiavélique: s'accuser d'un meurtre qu'elle n'a pas commis! Voler un crime, ce n'est pas banal, et cela entraîne chez Ozon une comédie loufoque, un tourbillon jubilatoire.

Aussi au générique de ce petit bijou de fantaisie Rebecca Marder (la jeune Simone Veil, révélation de "Simone, le voyage du siècle"), et quelques visages familiers comme ceux de Luchini, Huppert, Prévost, Dussollier, Laspalès et Dany Boon.

L'autre coup de cœur du moment va à "Dalva" d'Emmanuelle Nicot, l'histoire d'une enfance volée par un père pédophile. Dalva a douze ans. Un soir, son père est arrêté tandis qu'elle est emmenée sans ménagement dans un foyer d'accueil.

D'abord révoltée et dans l'incompréhension totale, puis réfugiée dans le déni, elle fait la connaissance d'un éducateur puis d'une co-locataire africaine au caractère bien trempé. Une nouvelle vie semble alors s'offrir à Dalva. Mais son passé reste lourd à porter, un passé vécu chez papa sans aucun repère social sous sa férule.

Pour son premier long métrage, la réalisatrice belge, Emmanuelle Nicot, choisit un sujet très dur, l'inceste. Elle filme ses personnages avec bienveillance, sans chercher à les juger, et tente plutôt de montrer les différentes étapes qui vont permettre à Dalva de malgré tout se reconstruire autour d'un tel interdit.

Le film a été récompensé à la Semaine Internationale de la Critique, à Cannes, en mai dernier. Tout comme son actrice Zelda Samson qui porte le film sur ses frêles épaules d'un bout à l'autre avec une présence troublante et sensible à la fois.

Autre sujet grave, celui de "La chambre des merveilles" de Lisa Azuelos: c'est le récit des péripéties d'une mère qui s'entête à accomplir les rêves de son fils (qu'elle découvre dans son cahier à dessins), après qu'il ait été plongé dans le coma suite à un accident de planche à roulettes. Et de se lancer ainsi le défi de réaliser ces vœux, somme toute par procuration, espérant que ça aidera son fils à sortir du coma.

Comme une fable sur l'espoir sans limites d'une maman, Alexandra Lamy, qui rayonne d'amour pour son fils.

Pierre GERMAY