Nouvelles de Flandre
Petite chronique langagière: "Féminicide"

Bilan insupportable: 22 féminicides furent commis en Belgique en 2021.

Emprunt anglais

Le mot féminicide résulte de la francisation du terme anglais femicide. Le livre intitulé Femicide, The Politics of Woman Killing (L'aspect politique du meurtre des femmes), de deux féministes, Jill Radford et Diana Russel, contribua à la diffusion du terme anglais en 1992. Le mot-valise français se compose de la première syllabe de fem[ale], "femme, fille", et de la finale d'[hom]icide, sur le modèle de parricide ou infanticide.

Homicide d'une femme

Féminicide désigne l'"homicide d'une femme, d'une jeune fille ou d'une enfant en raison de son sexe". Qu'il s'agisse d'un meurtre à caractère individuel ou systématique, le caractère genré du motif doit être présent. Souvent qualifié de "crime passionnel", ce meurtre est relégué au rang des faits divers. Une femme tuée par un chauffard ou dans le cambriolage d'une banque ne peut être de facto considérée comme victime d'un féminicide. Le meurtrier n'est pas nécessairement un homme. Publié au Journal officiel de la République française du 16 septembre 2014, féminicide est enregistré dans le Petit Robert de la langue française depuis 2015.

Utilisé dans plusieurs pays d'Amérique latine, le mot est repris par des instances internationales comme l'Organisation des Nations unies (ONU) ou l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'OMS distingue quatre cas:

Code pénal

En France et en Belgique cependant, le mot féminicide n'est pas reconnu en tant que tel dans le code pénal. Il n'existe pas de catégorie juridique spécifique réservée aux meurtres de femmes. Pourquoi? Non seulement ce type de crime serait difficile à caractériser, mais parricide et infanticide ayant été retirés du code pénal en 1994 afin de ne pas rompre l'égalité homme/femme devant la loi, il ne conviendrait pas d'y introduire féminicide. D'ailleurs, selon la plupart des juristes, dans l'intérêt des causes des femmes, le mot ne doit pas entrer dans le code pénal. On y traite de l'homicide, éventuellement avec une cause aggravante lorsqu'il s'agit d'une femme.

Dans un rapport de 2016, la Commission nationale consultative des droits de l'homme estime qu'il n'est "pas opportun de conférer un caractère juridique" au féminicide, tout en recommandant "l'usage du terme à la fois sur la scène internationale dans le langage diplomatique, mais aussi dans le vocabulaire courant, en particulier dans les médias". Depuis janvier 2017, le sexisme constitue une circonstance aggravante du crime ou du délit, au même titre que l'homophobie et le racisme.


Michèle LENOBLE-PINSON


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