À Sars-Poterie (Hauts de France), jusqu'au 21 août 2022, le MusVerre, riche d'une très belle collection d'œuvres verrières anciennes et contemporaines, revisite le thème du cabinet de curiosités, cet ancêtre du Muséum d'histoire naturelle, apparu à la Renaissance, qui se voulait une découverte des trésors du monde du vivant.

Scénographie recherchée

Le MusVerre propose une magnifique réinterprétation du cabinet de curiosités par la création d'œuvres, majoritairement en verre, explorant les facettes du vivant: du monde microscopique à l'herbier en verre, en passant par la ménagerie fantastique.

Au gré d'une scénographie immersive subtile, illusion de stucs moulés et de tentures drapées, le visiteur déambule à travers les diverses thématiques. L'ambiance est obscure. Les œuvres, présentées comme des objets précieux, sont magnifiées par la transparence du verre soufflé. "Le verre a cette propriété de sublimer la matière mais aussi d'amener quelque chose, parfois d'un peu fragile", souligne Eléonore Peretti, directrice du musée.

D'incroyables curiosités

Des objets surprenants sont présentés comme des curiosités. D'un côté, une majestueuse créature fantastique pourvue d'ailes et de cornes, poils et cheveux hérissés en flammes et, de l'autre, une composition de fleurs fanées d'une troublante réalité, marquant la brièveté de la vie et de la beauté. Ici, une licorne sortie tout droit des contes et légendes. Là, un élégant papillon aux ailes déployées ou une nature morte fluorescente sous la lumière UV. Plus loin, une série d'insectes d'une incroyable précision tant au niveau des détails que des coloris. Ailleurs encore, les "_brins de folie au creux d'un arbre_" émergent d'un tronc d'arbre qui semble éclater d'une lumière bleue intense. Mais aussi, un clin d'œil à la crise sanitaire, avec un coronavirus, dont les excroissances forment une couronne, rempli de gaz rares lui conférant une superbe couleur orange.

Des artistes belges

Parmi les artistes contemporains exposés figurent Koen Vanmechelen, plasticien autodidacte, qui porte un intérêt particulier aux oiseaux ainsi que Jan Fabre, fasciné par le monde naturel et dont le travail est fortement lié au concept de métamorphose. Sa passion pour les insectes colonise son œuvre et l'amène à utiliser régulièrement la figure du coléoptère, en recouvrant de scarabées nombre de ses sculptures. L'œuvre "Holy Dung Beetle with Laurel Tree" reprend le motif du scarabée avec une branche de laurier issu d'une série d'œuvres en bronze, désignées comme des "gardiens spirituels".

Le visiteur est fasciné par ces œuvres d'une beauté fragile, aux couleurs d'un éclat et d'une transparence fantastiques. Une créativité étonnante portée par un savoir-faire verrier extraordinaire.

Anne-Françoise COUNET

Informations: https://musverre.lenord.fr