Lors du Sommet de Beyrouth, en octobre dernier, l'ancien Président de la République du Sénégal, Abdou Diouf a été élu Secrétaire général de l'Organisation inter-nationale de la Francophonie.

Né le 7 septembre 1935 à Louga, au nord du Sénégal, Abdou Diouf a fait ses études à l'école française de Saint-Louis, puis à l'école de droit de Dakar, ensuite à Paris, à l'Ecole nationale de la France d'Outre-mer. De retour au Sénégal en 1960, il a débuté sa carrière dans l'ombre de Léopold Sédar Senghor, avant de lui succéder à la tête du pays pendant près de vingt ans, de 1981 à 2000. Ses différents mandats furent placés sous le signe de la politique d'ouverture au multipartisme, sur la libéralisation progressive de l'économie et sur la décentralisation.

Considéré comme un sage, ce musulman tolérant, attaché à la laïcité de l'Etat et marié à une catholique, a dirigé le Sénégal avec une souplesse que ses adversaires ont parfois qualifiée de "laxisme". Gestionnaire et fin politicien, il a contribué à faire entendre la voix de son pays dans le monde et a lutté pour une plus grande unité africaine.

En tant que secrétaire général de l'OIF, Abdou Diouf est élu pour quatre ans avec un mandat renouvelable. Il est investi de fonctions politiques générales et spécifiques : il est le Président exécutif du Conseil permanent et aussi le plus haut responsable de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie. Il préside le Conseil de Coopération qui réunit l'AIF, les opérateurs directs et l'Assemblée consultative et enfin, il est le porte-parole politique et le représentant officiel de la Francophonie au niveau international. La Francophonie est, en effet, représentée auprès des Nations Unies, de l'Union européenne, de l'Organisation de l'Unité africaine et de la Commission économique pour l'Afrique.

Ces représentations permanentes sont chargées de développer les relations institutionnelles de l'OIF avec les organisations internationales, en particulier dans les domaines des droits de l'Homme, de la démocratie et de la paix, du développement économique et social, de la culture, des technologies de l'information et de la normalisation.

À l'occasion de sa prise de fonction, M. Abdou Diouf a mis en évidence les objectifs de son mandat. "Mes objectifs doivent tourner autour d'une seule idée. Une idée simple, mais une idée forte. Une idée qui fait l'essence même de notre Organisation : la promotion de l'espace francophone en tant qu'espace de solidarité. Solidarité autour d'une langue et des valeurs qu'elle porte. Solidarité qu'il faut encourager aussi bien au sein de nos Etats et gouvernements que dans les Institutions internationales, universelles, régionales et sous-régionales."

Il a également tenu à dégager trois grandes priorités. Tout d'abord, la formation qui selon lui est la vocation majeure de l'OIF. Il précise qu' "en tant qu'Africain, il sait, mieux que quiconque, la place qu'elle doit tenir au service du développement de nos Etats et de nos peuples car 'l'espace francophone' est encore, trop souvent, un espace où perdurent analphabétisme et pauvreté".

Sa seconde priorité concerne la démocrati-sation, la paix et le développement. "La démocratisation n'a pas seulement une dimension institutionnelle, politique et électorale. La démocratisation n'est-elle pas le préalable à la disparition de conflits de toute nature, à l'instauration d'une paix durable dans les cœurs et les esprits?"

Enfin sa dernière priorité va à la concertation. Concertation au sein de l'espace francophone mais aussi concertation avec les autres aires linguistiques.

Et à Abdou Diouf de terminer en soulignant l'importance du plurilinguisme dans le monde global qui est désormais le nôtre.

Edgar FONCK