Dans sa collection permanente, le Musée du Carnaval et du Masque, à Binche, propose un vaste choix de masques et de costumes venus de tous les continents, de même qu'une évocation très complète du célèbre carnaval local.

C'est une thématique qui accroche facilement l'attention des enfants et convient bien aux sorties familiales. Mais le musée ne s'adresse pas qu'aux enfants. Pour les visiteurs adultes, des vidéos et des panneaux interprétatifs proposent, en complément, des ouvertures sur les croyances et le symbolisme liés aux objets présentés.

Le carnaval, survivance de rituels anciens

Au fil des salles, le visiteur découvrira ainsi comment les carnavals d'Europe et, plus généralement, les fêtes marquant la fin de l'hiver sont une survivance de rituels païens très anciens, censurés par le christianisme.

Sont évoqués dans ce contexte les rites du nouvel an, avec une période de chaos et d'inversion de toutes les valeurs, quand se meurt l'année ancienne, suivie d'une réinstauration de l'ordre quotidien pour permettre que démarre un nouveau cycle saisonnier. Ce chaos peut être montré par une atmosphère festive, des bombances, des beuveries ou une licence temporaire des mœurs, mais souvent, il suppose aussi que la frontière entre le monde civil et celui où vivent les morts devienne perméable, ce qui explique la présence de figurations de squelettes et de morts dans plusieurs de ces fêtes de renouvellement annuel.

D'autre part, à la fin de l'hiver, les rites de fertilité sont omni-présents pour encourager la nature à se réveiller, à reprendre vie et à se montrer à nouveau féconde. La production de sons tonitruants par des cloches, des grelots ou des tambours sont alors supposés sortir la nature de sa torpeur hivernale.

Une vaste collection

Une vaste collection de masques venus de loin vient compléter cette présentation du contexte européen, évoquant d'autres images, d'autres fonctions rituelles, d'autres créatures métaphysiques, parfois grotesques, parfois effrayantes ou parfois simplement étranges, avec leurs formes, leurs matériaux et leurs styles qui paraissent insolites sous nos latitudes. L'institution organise également des expositions temporaires. La dernière, excellente, rassemblait des masques de l'ethnie Abelam(*).

En pratique

Bref, c'est un musée qui a du charme et qui mériterait d'être plus connu mais il souffre de son relatif isolement, Binche étant peu fréquentée par les touristes et les excursionnistes en dehors de la période du carnaval. Le musée est pourtant aisément accessible: on trouve une gare à cinq minutes à pied. Rappelons qu'en cette période d'épidémie, le public est contingenté et qu'il est prudent de réserver, surtout le week-end.

D. LYSSE

Informations: https://www.museebinche.be
(*) voir présentation par D. Lysse - http://www.ajpbe-vbbjpp.eu/presse