Nouvelles de Flandre
Résolution 1301 du Conseil de l'Europe et apaisement communautaire

Et si, pour une fois on appliquait en Belgique, la technique de la "pensée positive"?
Et si on se montrait capables de saisir la chance historique que nous offre le Conseil de l'Europe de trouver des solutions équitables, raisonnables et durables pour régler nos problèmes communautaires?

La Résolution 1301 sur la protection des minorités en Belgique, votée le 26 septembre dernier par l'assemblée parlementaire européenne et entérinant les conclusions du rapport Nabholz, mérite une lecture attentive et sans préjugés. (Voir ci-après des extraits significatifs du texte officiel).

Il ouvre des perspectives généreuses dans le sens de la promotion d'une diversité culturelle enrichissante. Il offre une occasion de discuter sans passion et dans un climat de bonne volonté réciproque du contentieux de nos relations communautaires.


Le point de la situation

Nous nous trouvons aujourd'hui devant la situation créée par les décisions prises en 1962-63. Pour répondre à des revendications flamandes d'ailleurs légitimes, on a malheureusement privilégié le droit du sol au détriment du droit des personnes. Et l'on a fixé la frontière linguistique sans tenir compte de la situation réelle sur le terrain. La Belgique de l'époque, plutôt que d'élargir la région bruxelloise bilingue, en y annexant quelques communes, a choisi d'appliquer dans la périphérie de Bruxelles un régime de "facilités" qui n'a cessé d'envenimer les relations entre nos communautés. Ce statut linguistique particulier est d'ailleurs interprété de façon différente par les parties en cause.

Autre élément de friction : l'obsession flamande de la "tache d'huile", c'est-à-dire la francisation progressive de la Flandre. On peut raisonnablement se demander d'où procède une telle crainte.

Car enfin, la Flandre se trouve dans une situation privilégiée : tous les objectifs que s'était fixés le Mouvement flamand ont été atteints. La Flandre est légalement unilingue. Elle dispose entièrement de son autonomie culturelle. Sa puissance économique et financière dépasse celle de la partie francophone du pays et, sur le plan du pouvoir politique, le poste-clé de Premier ministre est occupé depuis des décennies par un Flamand.

Alors, vraiment, comment croire que les francophones pourraient caresser le rêve insensé de "reconquérir" linguistiquement et culturellement la Flandre? Alors que les francophones, au même titre que les néerlandophones, doivent aujourd'hui se protéger contre l'invasion anglophone!


La voie intelligente

Débarrassons-nous des rêves, des peurs et des idées-fixes. Une politique réaliste suppose qu'on tienne compte des faits, qu'on discute ceux-ci sans passion et qu'on en tire des conséquences intelligentes et apaisantes pour les parties en présence.

Certes, la résolution du Conseil de l'Europe n'est pas contraignante, mais on voit mal la Belgique se mettre au ban de l'Europe en ne ratifiant pas la convention-cadre sur la protection des minorités, alors qu'elle l'a déjà signée. On voit aussi mal la Belgique proposer une définition des minorités qui ne tienne pas compte des remarques du Conseil de l'Europe.

L'Europe, inexorablement, définit ses valeurs et ses comportements internes. Le moment est trop important pour qu'on se perde encore en vaines déclarations fracassantes et agressives. Le moment est venu au contraire de rouvrir une large et franche discussion, dans un esprit d'estime réciproque, à propos des problèmes administratifs et culturels qui empoisonnent nos relations.

Nous laissons aux hommes politiques le soin de régler le contentieux administratif. Nous souhaitons que l'imagination soit au pouvoir.

Notre association, quant à elle, s'en tient strictement à la vie culturelle. Nous nous rallions avec enthousiasme à la proposition exprimée dans la Résolution 1301, souhaitant la signature rapide d'un accord culturel entre nos communautés. Il est tout de même étonnant qu'il existe un tel accord entre la Flandre et la France et qu'il n'ait jamais été passé entre voisins immédiats en Belgique!

Les échanges culturels sont le meilleur moyen de mieux se connaître et de s'apprécier davantage.


Initiatives de rapprochement

Tant d'initiatives de rapprochement peuvent être prises!

Nous imaginerions très bien que, dans chaque région du pays, des locaux publics soient mis à la disposition des associations culturelles et des communautés néerlandophones, francophones et germanophones et que ces associations puissent être librement subventionnées.

Pourquoi ne pas créer une nouvelle chaîne de télévision reprenant les meilleures émissions de nos trois communautés avec, grâce au télétexte, des sous-titres dans nos langues respectives?

Dans chaque région on pourrait favoriser l'enseignement de nos langues nationales. La connaissance du néerlandais et de l'allemand est une porte ouverte sur les autres langues germaniques et le français sur les autres langues latines.

L'APFF en tout cas s'inspire d'un esprit de liberté et d'ouverture culturelle. Nous sommes les premiers à tendre la main. Que d'autres fassent comme nous et on pourra bientôt s'occuper en Belgique d'autre chose que de querelles linguistiques stériles!

 

Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe

RESOLUTION 1301 (2002)

Protection des minorités en Belgique

Extraits

L'Assemblée a mentionné la Belgique parmi les pays qui "ont des minorités significatives qui doivent être protégées et dont les droits ne sont pas officiellement reconnus". (art. 7)

L'Assemblée estime que les groupes suivants sont à considérer comme des minorités en Belgique dans le contexte de la convention-cadre: au niveau de l'Etat, la communauté germanophone; au niveau régional, les francophones vivant dans la région de langue néerlandaise et dans la région de langue allemande, et les néerlandophones et les germanophones vivant dans la région de langue française. (art. 18)

En conséquence, l'Assemblée recommande que le Royaume de Belgique et ses assemblées législatives compétentes (y compris celles des régions et des communautés): dans un esprit de tolérance, ratifient la convention-cadre sans plus tarder, en veillant à ce que toutes les minorités identifiées par l'Assemblée soient dûment reconnues comme telles, à la fois au niveau de l'Etat et au niveau régional, et s'abstiennent de faire une réserve incompatible avec le contenu de la convention-cadre. (art. 20 § 1)

L'Assemblée recommande en outre que le Royaume de Belgique prenne des mesures effectives pour promouvoir la tolérance et la dialogue entre les groupes linguistiques et leurs cultures respectives. Le rôle de l'éducation, des échanges culturels et des media est donc primordial, en particulier pour la mise en œuvre des objectifs de la Convention-cadre. Pour cela, l'Assemblée recommande que les langues officielles de la Belgique soient enseignées en priorité dans toutes les communautés du Royaume. L'Assemblée recommande qu'un accord de coopération culturelle soit conclu d'urgence entre les communautés francophone et néerlandophone. (art. 21)

 

 

Marcel BAUWENS

Président honoraire de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB)
Administrateur de l'APFF


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