Roger Dehaybe, ce romaniste liégeois quinquagénaire, depuis toujours soucieux des intérêts de la francophonie, s'est vu confier un nouveau mandat de quatre ans comme Administrateur général de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie. Ainsi en ont décidé les ministres des Affaires étrangères des 50 Etats membres, le 11 janvier dernier à Paris, au vu des résultats obtenus par Dehaybe au cours de son premier mandat. En effet, l'administrateur a procédé à une réforme profonde de l'Agence, qui a permis d'améliorer le fonctionnement de celle-ci et d'accroître l'impact de la coopération francophone.

Quel chemin parcouru dans le monde franco-phone depuis la création en 1970 à Niamey, sous l'impulsion de trois chefs d'Etat africains (Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Habib Bourguiba de Tunisie et Hamani Diori du Niger), de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT)! Le nombre des Etats membres a plus que doublé (un pays sur quatre dans le monde est devenu membre) et le champ d'action n'a fait que s'étendre. On se souviendra que Dehaybe, actif depuis 1973 au sein des instances internationales de la francophonie, a assuré de 1987 à 1989 la présidence de la Conférence générale de l'Agence, à l'époque le niveau de direction. En même temps, de 1983 à 1997, il était, dans notre pays, le Commissaire général aux Relations extérieures de la Communauté française.

Aujourd'hui, l'Agence intergouvernementale déploie une activité multilatérale dans des domaines aussi variés que l'éducation et la formation, la culture et le développement du patrimoine, le cinéma et les médias, les langues et l'écrit, les nouvelles technologies de l'information, le développement économique et social, la solidarité, la coopération juridique et judiciaire, des actions en faveur de la démocratie et des droits de l'Homme.

Roger Dehaybe évoque les grandes priorités de l'Agence dans le proche avenir: les nouvelles technologies de l'information (NTI) bien sûr, le soutien aux langues et aux cultures nationales et l'appui à la démocratie et aux droits de l'Homme.

La francophonie est un concept et le véhicule d'un ensemble de valeurs culturelles qui réunit dans une vision commune des peuples qui, par ailleurs, ne doivent pas, pour autant, renoncer à leur tradition culturelle propre.

L'addition des cultures et la diversité culturelle est un enrichissement pour autant, bien entendu, que soient respectés les principes de la Charte universelle des droits de l'Homme. "La diversité culturelle", dit Dehaybe (Revue Wallonie-Bruxelles - octobre 2001 - n° 76 page 10) "c'est voir de quelle manière, en ces temps de mondialisation, toutes les populations, tous les peuples du monde, et plus particulièrement ceux de la Francophonie, ont la possibilité de participer à cette modernisation, d'accéder aux nouvelles technologies, à un bien-être économique et social grâce à la libéralisation des échanges et l'accès à tous les marchés, mais en conservant leur identité. C'est cela le débat de la diversité culturelle." (…)
"La Francophonie est une organisation intergouvernementale qui respecte la souveraineté des Etats." (…)
Mais "Il a été également décidé à Bamako qu'en cas de violation massive et avérée des Droits de l'Homme, constatée selon des procédures classiques d'analyse, un pays pouvait être suspendu de sa participation à la Francophonie, comme c'est déjà arrivé par le passé, par exemple au Niger."

Le problème de l'addition des cultures ne se pose pas seulement en Afrique ou en Asie, mais aussi chez nous, en Flandre… où le français est menacé de disparition à plus ou moins long terme. Un compatriote chargé des problèmes de la francophonie au plus haut niveau d'intervention, sera sans doute sensible à cette situation culturelle particulière. Encore que l'expérience le montre; il n'est pas toujours facile de balayer devant sa propre porte.

Marcel BAUWENS

Président honoraire de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB)