Nouvelles de Flandre
Le Sommet de Beyrouth et le dialogue des cultures

Le 9ème Sommet de la Francophonie se tient à Beyrouth au Liban du 26 au 28 octobre. Il a pour thème: "Le dialogue des cultures". L' Organisation internationale de la Francophonie reconnaît ainsi le rôle de la diversité culturelle pour la promotion d'une culture de paix et pour la démocratisation des relations internationales.

L'O.I.F. est la première organisation à adopter une déclaration qui reconnaisse le principe de la primauté de la diversité culturelle. C'est une initiative importante dès lors que ces questions sont débattues à l'UNESCO et dans d'autres institutions internationales.

Document de réflexion

A Beyrouth la préparation va bon train. Un document de réflexion d'une portée politique mondiale fondamentale a été préparé.

Il commence par définir les termes dialogue et culture:

Par culture, il faut comprendre la gamme entière des modes acquis de comportements humains et, considérés sous leur aspect symbolique, l'ensemble des œuvres passées et présentes des sociétés humaines. Une culture s'individualise grâce à un ensemble de traits spécifiques que façonne l'histoire et qui sont le fruit, entre autres facteurs, d'interactions, pacifiques ou violentes, avec d'autres cultures.
Par dialogue des cultures, il faut donc entendre un ensemble complexe de processus intentionnels d'échanges pratiques, processus co-formateurs des systèmes symboliques propres à chaque culture.

Le document indique ensuite la portée politique de l'enjeu:

La lente et difficile émergence, au lendemain de la guerre froide, d'un nouveau système international aux contours encore largement incertains, s'est accompagnée d'une accélération sans précédent des dynamiques d'intégration et d'unification à l'échelle planétaire, transposant ce qui n'était jusque-là qu'une globalisatiion des marchés économiques et financiers en une véritable mondialisation politique et culturelle, touchant même les sphères privées. Seulement, le processus à l'œuvre n'est pas sans provoquer de sérieuses inquiétudes.

Danger d'uniformisation

La mondialisation se fait au profit hégémonique de quelques grandes puissances et contient le danger d'une uniformisation de la pensée humaine.

Face à ces dérives, l'alternative proposée par le "dialogue des cultures" vise à se rapprocher de la formulation d'un corpus normatif international construit dans le consensus, à partir de valeurs universelles auxquelles nous adhérons tous librement. Au premier chef de ces valeurs que nous voulons régulatrices de la vie internationale, celles consacrées par la Déclaration universelle des droits de l'Homme, celles des droits inaliénables des peuples (Bamako). (…) En d'autres termes, à l'ère du pouvoir des réseaux, le "dialogue des cultures" aurait pour but de démocratiser la mondialisation avant que la mondialisation ne pervertisse la démocratie.

Mais le document souligne que le dialogue des cultures revêt un aspect économique primordial:

La mondialisation n'est pas simplement la caractéristique distinctive du nouveau système international dans sa version politique, mais elle est aussi, et peut-être même surtout, la composante essentielle de l'économie d'aujourd'hui : instantanéité de l'information, décloisonnement des marchés, désinstitutionnalisation des agents, dérégulation des mécanismes, globalisation de la sphère financière, uniformisation des modèles consuméristes. Là encore, la dynamique en cours ne va pas sans susciter de nombreuses appréhensions. (…)

La suprématie du modèle capitaliste et l'acceptation des lois du marché comme paradigme dominant font qu'il est de plus en plus tentant d'y plier tant la production que la circulation ou encore la conservation des biens culturels. (…) Les réunions internationales consacrées à cette question, depuis les premières formulations du GATT et jusqu'au sommet de Seattle, ont bien montré le danger de dérive que renfermait la réduction des biens culturels au rang de simples denrées parmi d'autres.

Nouvel hiatus culturel

Par ailleurs le document souligne un autre danger:

L'accélération et la densification des distorsions économiques et sociales qu'entraîne la mondialisation, ne font que creuser le fossé inégalitaire entre le nord et le sud de la planète. Un nouveau type de marché international du travail s'instaure, qui draine vers les économies les plus novatrices, les compétences formées dans les pays les moins avancés. Cette fuite des cerveaux affaiblit les chances de rattrapage dont disposent ces pays.

Le monde francophone a un rôle essentiel à jouer dans ce défi international où se joue le destin des hommes de demain. Pourrons-nous concilier la formidable aventure du progrès technologique et les perspectives de monde meilleur qu'elle nous ouvre, avec la sauvegarde de la richesse culturelle de chacune de nos sociétés. Dès sa création, l'ensemble francophone s'est donné pour mission d'apporter à la polyphonie culturelle universelle la musique de sa propre langue et les cultures que celle-ci a irriguées.

A Beyrouth, au cœur de la ville, s'est ouvert le "Village de la Francophonie", un espace de festivités où Libanais, visiteurs étrangers et délégués au Sommet pourront se rencontrer amicalement.

Le Liban ?
  • Le Liban est une république du Moyen-Orient située entre Israël et la Syrie, dont la population s'élève à 4,5 millions d'habitants pour une superficie de 10.400 km2 (le tiers de la Belgique).
  • La population musulmane est aujourd'hui majoritaire (68 % environ), mais les chrétiens (maronites, grecs orthodoxes et catholiques, druzes) restent une minorité importante.
  • La langue officielle est l'arabe mais le français est très répandu (45 % de la population).
  • La guerre entre Israël et les Palestiniens a semé l'horreur dans ce pays qui était, il y a trente-cinq ans, un paradis touristique. Le Phénix libanais renaît peu à peu de ses cendres. La "Pax syriana" maintient le calme et l'activité touristique reprend!
  • Le Liban est membre de l'Agence intergouvernementale de la francophonie depuis 1978.

Marcel BAUWENS

Président honoraire de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB)


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