Nouvelles de Flandre
Paris, le 20/05/2001 - Intervention au colloque international "Francophonie au pluriel"

300.000 francophones isolés au nord de la Belgique

La Flandre, située au nord de la Belgique, c'est la patrie de Maurice Maeterlinck (Gand 1862), de Françoise Mallet-Joris (Anvers 1930), d'Axelle Red (Hasselt 1968), d'Henri Storck, (Ostende 1907), d'Emile Verhaeren (Saint-Amand 1855), pour ne citer qu'eux; autant d'ambassadeurs de la langue et de la culture françaises.

L'histoire de la présence du français en Flandre est longue et complexe. En effet, les premiers documents en français apparaissent dans le Comté de Flandre dès le XIIème siècle.

Lorsque la Belgique est fondée en 1830, la seule langue officielle est le français alors que la majorité de la population est flamande. Sous la pression d'un mouvement de défense et de promotion de la langue et de la culture flamandes, la Flandre devient une région bilingue en 1873. Le néerlandais obtient le statut de langue légale. A partir de ce moment, nous assisterons à une lente évolution d'une région bilingue vers une région unilingue néerlandophone.

Citons quelques dates de cette évolution:

De nos jours, le mouvement flamand a atteint la plupart de ses objectifs : la délimitation d'un territoire néerlandophone, la reconnaissance de la culture et de la langue néerlandaises, dans laquelle s'expriment l'administration, la justice et les institutions scolaires.

Revenons un instant sur la fixation de la frontière linguistique en 1962.

Il faut souligner que pour fixer la frontière linguistique, la population n'a pas été consultée. Le droit du sol primant sur le droit des personnes. On s'est contenté de reprendre les limites administratives héritées du recensement de 1947 sans se préoccuper de l'évolution des minorités francophones. Quelques communes seulement, principalement dans la périphérie de Bruxelles, ont obtenu un statut linguistique spécial. Ce statut qui accorde quelques "facilités" aux francophones qui habitent dans ces communes flamandes est régulièrement remis en question.

La connaissance du français en Flandre recule de façon évidente et, en raison des querelles linguistiques, il y a encore des traces manifestes d'une attitude défensive par rapport à notre langue.

De nombreuses ressources francophones ont disparu au cours des 25 dernières années.

Il est indispensable de sauver ce qui peut encore l'être et tout particulièrement les nombreuses associations culturelles francophones qui subsistent.

Isolement des francophones

Le nombre de francophones en Flandre est difficile à évaluer. Il doit selon nous tourner autour des 300.000 si l'on compte les francophones de la périphérie de Bruxelles et les Français établis en Flandre. Ils sont répartis sur l'ensemble du territoire, tant dans les villes qu'à la campagne avec une concentration plus importante dans les grandes villes telles qu'Anvers et Gand.

Il est important de noter que les francophones qui vivent en Flandre sont complètement isolés.

1) Ils sont isolés au niveau de la Flandre: La Région flamande a clairement signifié son refus de signer la convention cadre pour la protection des minorités nationales. De ce fait, la Belgique est un des seuls pays européens à ne pas encore avoir ratifié ladite convention alors que c'est un pré-requis pour tous les nouveaux candidats à l'adhésion à l'Union européenne.

2) Ils sont isolés au niveau de la Belgique: Suite aux démarches des autorités flamandes qui ont saisi la Cour d'arbitrage, la Communauté française de Belgique ne peut plus accorder de subventions aux associations francophones actives en Flandre. Il est clair que les flamands veulent avoir, dans leur région, la mainmise sur toute la vie culturelle francophone pour la contrôler. Par ailleurs, le récent changement de dénomination de la Communauté française de Belgique qui s'appelle désormais la Communauté Wallonie Bruxelles ne fait que renforcer cet isolement.

3) Ils sont isolés au niveau des autres pays de la Francophonie: La plupart des ambassades des pays francophones représentés en Belgique ont pour mission première de développer les échanges commerciaux entre leur pays et nos différentes régions. Lorsqu'il s'agit de la Flandre, pour ménager les susceptibilités, la francophonie passe à la trappe, à l'exception de quelques accords culturels qui concernent l'enseignement et ne s'adressent pas aux francophones.

Création de l'Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre

Lors du Xème Congrès mondial de la fédération internationale des professeurs de français qui s'est tenu l'été dernier à Paris, le Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, Monsieur Boutros Boutros-Ghali a déclaré: "Il ne faut pas défendre le français pour le français, mais bien dessiner un projet de société avec le plurilinguisme et la diversité culturelle comme principe d'action". C'est avec ce même état d'esprit que nous avons créé, en 1998, l'Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre (APFF).

Pas de politique

Soyons clairs: l'APFF ne poursuit aucun but politique et n'entend nullement remettre en cause le statut linguistique de la Flandre. Elle veut simplement que le français, l'une de nos langues nationales, ait droit de cité en Flandre au même titre que toute autre langue. L'APFF ne représente pas les francophones de Flandre; elle s'adresse à tous ceux qui s'intéressent à la langue et à la culture françaises.

Cette promotion de la francophonie, l'APFF la réalise notamment en publiant sur son site internet le magazine "Nouvelles de Flandre" (http://www.dmnet.be/ndf). On peut y trouver outre l'agenda des activités en français, les adresses des ressources francophones en Flandre, des articles et des informations sur la francophonie en général. Un bulletin, version papier du magazine, est également édité tous les deux mois.

Grâce à la participation d'une cinquantaine d'associations culturelles et via l'agenda publié dans son magazine, notre association a pu assurer la promotion de plus de 350 activités en français au cours de la saison 2000-2001.

Une action culturelle qui n'est pas passée inaperçue

Qualifiée de pari audacieux par certains, notre initiative a reçu un excellent accueil auprès des médias (La Libre Belgique, Le Soir, la RTBF, ...).

Nous avons été soutenus, dès le début, par André Goosse, Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de langue et de littérature françaises, de même que par France Bastia, présidente de l'Association des écrivains belges de langue française et directrice de "La Revue Générale".

En 1999, un de nos collaborateurs, Jean Kokelberg, s'est vu décerner à Paris "Le mot d'or" pour avoir publié "le meilleur article de l'année sur la langue française" dans notre magazine. La remise de la distinction était placée sous le patronage du Haut Conseil de la Francophonie, de l'Agence de la Francophonie et de la Délégation générale à la langue française.

L'année dernière, Impératif français, organisme québécois de promotion de la langue et de la culture d'expression française a mentionné de façon spéciale l'APFF à l'occasion de la remise du "Prix d'excellence Lyse-Daniels 2000".

L'APFF est membre de l'Association Francophone d'Amitié et de Liaison (AFAL), association accréditée auprès de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

Elle est reprise dans l'édition 2001 de l'Année francophone internationale ainsi que dans le répertoire des organismes et associations oeuvrant pour la promotion de la langue française édité par la Délégation générale à la langue française.

Jusqu'ici la Communauté française de Belgique, séduite par le travail culturel de notre association, l'aidait financièrement. Hélas, suite aux démarches des autorités flamandes qui ont saisi la Cour d'arbitrage, elle ne peut plus le faire.

Appel à tous les francophones

Nous avons pris contact avec les principales instances de la francophonie pour leur faire part de la situation dans laquelle nous nous trouvions.

Seule la section belge de l'Union internationale des journalistes et de la presse de langue française (UIJPLF-Belgique) a réagi. Elle a consacré la une de son organe d'information "Le Mot" à notre association. Elle ne manque pas de préciser dans un encadré: "La publication d'un bulletin comme celui de l'APFF est, en soi, un acte de presse pour lequel réclamer à la fois la liberté et les moyens d'édition relève du droit à l'expression. L'UIJPLF entend apporter son soutien à cette initiative. La tenue de son assemblée générale le 30 septembre à Ostende s'en veut le premier geste".

Dans la foulée réitérons notre appel. Nous en appelons au sens des responsabilités de tous les francophones. Pour poursuivre notre action, nous avons besoin de votre aide.

 

Edgar FONCK, directeur de l'APFF


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