Dans son numéro d'avril, "Le Monde diplomatique" publie un supplément intitulé "Belgique, dynamique flamande". Sur trois pages: trois articles rédactionnels et trois publicités flamandes, dont deux institutionnelles. La rencontre n'est évidemment pas due au hasard!

Est-ce "Le Monde" qui, ayant eu l'idée de consacrer des articles à la Flandre, a sollicité ensuite de la publicité? Est-ce le pouvoir flamand qui a proposé de la publicité à la condition que le journal consacre des articles à la région? Qu'importe! Le voisinage n'est pas anodin.

Les articles rédactionnels sur l'économie, la politique et la culture, s'ils restent dignes du "Monde" par l'information qu'ils fournissent, n'en cautionnent pas moins, dans l'esprit du lecteur, un texte officiel de propagande émanant du "Ministère de la Flandre - Administration des Affaires étrangères".

Dans cette "pub" on peut lire avec effarement quelques petites phrases qui menacent de faire s'étrangler d'indignation les 300.000 francophones vivant en Flandre. Citons: "Les Flamands apprécient la richesse de la langue et de la culture françaises. Secrètement, nous sommes assez fiers, nous les habitants du 'plat pays' d'avoir apporté notre pierre à l'édifice de cette grande culture française".

Et en avant la brosse à faire reluire l'orgueil national des Français! Et on évoque l'origine flamande de Marguerite Yourcenar "première femme à siéger à l'Académie française". Un peu hypocrite, la démarche!

Ce que "Le Monde diplomatique" - que le lecteur paie 160 BEF! - n'a pas le droit d'ignorer, c'est le sort réservé à la langue et à la culture françaises en Flandre. Ne parlons pas de la périphérie de Bruxelles. (Voir l'article: "Le français en Flandre: Hier, aujourd'hui, demain".)

Marcel BAUWENS

Président honoraire de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB),Administrateur de l'APFF