Nouvelles de Flandre
Le français en Flandre: Hier, aujourd'hui, demain

La présence du français en Flandre connaît une histoire longue et complexe. Elle est présentée d'une manière vivante et intéressante par Dominique Willems, professeur à l'Université de Gand, dans sa contribution à l'important ouvrage "Le français en Belgique"*.

Les premiers documents en français apparaissent dans le Comté de Flandre dès le XIIème siècle. Mais, à Anvers et à Bruxelles, rattachées, elles, au Comté de Brabant, le français ne fait son apparition qu'au XVème siècle surtout dans les contacts avec l'administration bourguignonne. A Anvers, et pour des raisons commerciales évidentes, les Flamands de la population urbaine sont bilingues, d'autant plus que le français a pris la place du latin en tant que langue internationale.

La révolte du nord protestant contre le pouvoir catholique espagnol va bouleverser la situation. Elle "plonge la Flandre dans un isolement linguistique et culturel et une profonde récession économique." Il en résulte un déclin du français, mais aussi du néerlandais qui fait place à un morcellement dialectal flamand.

Durant la deuxième moitié du XVIIIème siècle… des Lumières où le français est la langue culturelle et scientifique en Europe, notre langue renaît tout normalement en Flandre. Bien entendu, plus tard, l'occupation française entre la période révolutionnaire et l'empire napoléonien favorise la francisation progressive. Mais cette francisation ne touche que les classes dirigeantes et riches. Les gens des classes pauvres ne parlent que leur patois.

"La frontière linguistique à l'intérieur de la Flandre est avant tout une frontière sociale". C'est cette distance linguistico - sociale qui va alimenter les progrès du mouvement flamand au XIXème siècle. Durant la période hollandaise (1815-1830), le néerlandais standard progresse en Flandre.

Mais, quand le nouvel Etat "Belgique" naît en 1830, la seule langue officielle est le français alors que la majorité de la population du royaume est flamandophone. La Flandre devient une région bilingue entre 1873 et 1878 et le néerlandais obtient le statut de langue légale. "A partir de ce moment nous assistons à une lente mais irrépressible évolution d'une région bilingue vers une région monolingue néerlandophone."

Les grandes étapes de cette évolution s'échelonnent comme suit:

"De nos jours, le mouvement flamand a atteint la plupart de ses objectifs: la délimitation du territoire néerlandophone, la reconnaissance de la culture et de la langue néerlandaise, dans laquelle s'expriment l'administration, la justice et les institutions scolaires".

Situation actuelle du français en Flandre

La connaissance du français en Flandre recule d'une façon évidente et, en raison des querelles linguistiques de jadis, "il y a encore des traces manifestes d'une attitude défensive par rapport au français".

"Les blessures sociales se cicatrisent toutefois rapidement et une évolution positive vers une image plus neutre se fait jour". "L'utilisation du français ne va plus de pair avec la crainte d'une perte d'identité comme par le passé".

L'enseignement du français comme deuxième langue reste vivace: "quand on considère le choix que font les élèves flamands en ce qui concerne la deuxième langue à l'école, les chiffres de l'Institut national de Statistiques nous montrent que la grande majorité (plus de 90%) choisissent le français comme deuxième langue plutôt que l'anglais".

"Le nombre de francophones en Flandre est particulièrement difficile à évaluer". Il doit, selon nous, tourner autour des 300.000 si l'on compte les francophones de la périphérie de Bruxelles et les Français établis en Flandre.

"Un fait important sur le plan social est la répartition géographique des francophones flamands: ils sont en effet répartis sur l'ensemble du territoire, tant dans les villes qu'à la campagne, avec toutefois une concentration plus importante dans les grandes villes (Anvers ou Gand )".

"Les francophones flamands sont passés d'une position privilégiée à une situation minoritaire.(…) La plupart acceptent leur position minoritaire et la nécessité d'une bonne connaissance du néerlandais, mais revendiquent la liberté de parler français en famille et dans leur cercle d'amis".

Et demain?

Voilà le point de la situation tel qu'il est présenté, avec plus de détails bien sûr, dans Le français en Belgique. Mais comment la situation évoluera-t-elle demain?

Elle dépendra bien évidemment de la prise de conscience et de la volonté des francophones. Il y va de leur présence culturelle en Flandre. Or, si l'on se réfère aux prises de position politiques, l'avenir paraît sombre.

Se fondant sur l'intégrité territoriale de la Flandre, les Flamands interdisent à la Communauté française d'aider, autrement que par des interventions tout à fait ponctuelles, les associations culturelles francophones, dont l'existence même atteste du fait qu'elles répondent à un besoin.

A travers l'enseignement du français, qui est encouragé, il est vrai, certaines activités ont lieu sous l'égide d'institutions flamandes. Mais qui ne voit la réduction culturelle qu'implique une telle situation?

Il est clair que les flamands veulent, avoir la mainmise sur toute la vie culturelle francophone pour la contrôler.

Quelle est la position de l'APFF?

L'association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre estime que les francophones doivent avoir le droit, en dehors de toute préoccupation politique et dans la sphère du privé, d'organiser eux-mêmes leur vie culturelle. Nous sommes le lien entre des dizaines d'associations et nous témoignons du caractère vivant de la langue et de la culture françaises dans les provinces du nord.

Le français est, comme le néerlandais et l'allemand, une de nos langues nationales. Nous refusons qu'il ait, chez nous, en Flandre, un statut de "langue étrangère" ou que la francophonie devienne une culture de seconde main.

Nous en appelons au sens des responsabilités de tous les francophones. Pour financer notre action, nous avons besoin de votre aide.

Un mécène francophone, cela existe-t-il encore?

 

Marcel BAUWENS

Président honoraire de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB),
Administrateur de l'APFF

*Le français en Belgique, sous la direction de Daniel Blampain, André Goose, Jean-Marie Klinkenberg, Marc Wilmet, aux Editions Duculot - Communauté française de Belgique.


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