Nouvelles de Flandre

La presse francophone en Flandre
a-t-elle encore un avenir?

La disparition récente du «Nouveau Courrier» de Gand crée un vide énorme dans ce qui reste de la presse francophone en Flandre. A savoir: «La Semaine» à Anvers et... notre bulletin «Nouvelles de Flandre» avec son prolongement sur «la toile» internationale d'Internet.

La direction du «Nouveau Courrier» a tenu la promesse qu'elle avait faite à ses abonnés: «boucler le siècle». Hélas! En bouclant le siècle, elle a aussi bouclé son dernier numéro. Les dernières livraisons auront été l'occasion pour Nicole Verschoore, Rédactrice en Chef, de faire un historique substantiel de la presse francophone en Flandre. Elle rafraîchit la mémoire collective sur les événements journalistiques des trente-cinq dernières années.

L'histoire glorieuse de la presse francophone de Flandre remonte à quelques siècles. Déjà en 1605, à Anvers, Abraham Verhoeven publiait ses «Nieuwe Tijdinghen» en flamand et en français. En 1637 paraissait, à Anvers toujours, «Le Postillon Ordinaire» à côté de «Den ordinarissen Postilloen». Et l'ancêtre de tous les «Courrier», le «Courrier de l'Escaut» fut fondé à Malines en 1784. Depuis lors, c'est par dizaines que l'on compte les titres qui se sont succédé au cours des deux siècles suivants.

Pour en revenir aux journaux modernes, rappelons que, dans les années soixante encore, les éditorialistes de «La Flandre libérale» (Gand), du «Matin» et de «La Métropole» (Anvers) étaient régulièrement cités dans la revue de presse de la RTB sans «F», à l'époque.

Dans sa série d'articles, Nicole Verschoore souligne à juste titre le coup porté à la presse francophone par la crise pétrolière de 1974. Les hausses du prix du papier et des tarifs postaux a contraint le groupe Rossel à cesser la publication des trois grands quotidiens cités plus haut.

Qui est donc
Nicole Verschoore ?

Née à Gand dans une famille de juristes et d'écrivains, Nicole Verschoore est docteur en philologie germanique.
Elle a enseigné le néerlandais, l'anglais et l'allemand.
Nicole Verschoore fut boursière du Fonds national de la recherche scientifique et assistante à l'université de Gand.
Elle a fait une brillante carrière de journaliste au quotidien «Het Laatste Nieuws».

Gallimard a remarqué son premier roman - écrit en français - «Le Maître du Bourg» et l'a publié en 1994. Une réédition vient de paraître.
(Voir notre recension par ailleurs)

 

Mais sans doute la querelle linguistique et l'évolution devenue prévisible vers un Etat fédéral ont-elles pesé dans la décision?

Quelques journalistes n'ont pas voulu baisser les bras. Robert Lanoye continua de publier le «Courrier du Littoral» qu'il avait créé à Ostende en 1944 et qui a disparu il y a quelques années. C'est le regretté Robert Lanoye qui a aidé Jean Eeckhout et Henri Van Nieuwenhuyse à faire paraître le «Courrier de Gand» en 1975.

Vers 1993-94, il était devenu évident que le «Courrier de Gand» n'était plus rentable. Il fallait d'urgence transformer une imprimerie archaïque, basée sur la fonderie traditionnelle des caractères en plomb, en une entreprise moderne où l'édition passe par la légèreté de l'ordinateur. C'est à Nicole Verschoore que revient le mérite d'avoir organisé la métamorphose technique. Et quelques mécènes, parmi lesquels Robert Desprechins, ont permis au «Nouveau Courrier» de succéder au «Courrier de Gand» en 1994. L'aventure vient de se terminer...

Et maintenant ? Une Presse francophone a-t-elle encore un avenir en Flandre?

Certes, «La Semaine» poursuit allègrement son petit bonhomme de chemin. Mais tout le monde s'accorde à dire que la création éventuelle d'un quotidien ou d'un hebdomadaire francophone en Flandre tient de l'utopie. L'investissement se monterait à plusieurs dizaines de millions de francs et on ne pourrait compter sur aucune aide publique. Etant donné l'exiguïté du marché, l'entreprise n'intéresserait aucun investisseur. Et les mécènes ne sont plus de ce siècle ! On aurait pu tenter de séduire la super-vedette de la KBLux, la richissime héritière de feu Gosset. Mais le fisc vient, dit-on, de la ruiner!

Reste la voie moderne du site Internet, que nous avons empruntée. Autrement dit: il y a un avenir pour une presse francophone utilisant les voies journalistiques nouvelles via l'informatique et Internet. Une presse qui serait axée sur la vie en Flandre, mais s'adressant, par la force des choses à un public international. Il est possible via Internet de parler en français de la Flandre au monde entier.

 

Marcel Bauwens


«Le maître du bourg»
de Nicole Verschoore

Heureuse idée qu'ont eue les éditions Gallimard, de réimprimer «Le maître du bourg». Pour ce premier roman Nicole Verschoore, journaliste flamande qui l'écrivit en français, se vit décerner le Prix France-Belgique de littérature de l'Association des Ecrivains de Langue française (Adelf) à Paris en 1995.

Un roman qui se lit avec aisance parce qu'il est écrit dans une langue claire, dont les phrases sont balancées selon un rythme poétique et musical. La musique joue d'ailleurs un rôle primordial dans cette histoire d'amour, qui naît et se développe dans une salle de concert du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Aucune fausse note dans ce duo d'amour chanté avec une sensualité pudique en un crescendo de passion libératrice. En contrepoint, des personnages et des événements du passé des amants, expliquent les attitudes de ceux - ci et leurs réactions psychologiques. C'est trop bien observé pour n'avoir pas été vécu. La jeune femme narratrice voue à son père disparu une admiration mêlée de tendresse. Elle retravaille les notes qu'il avait prises sur Charles Buls, ancien bourgmestre de Bruxelles. De là le titre de l'ouvrage. On comprend l'empreinte qu'a laissée cet humaniste rigoureux et bourgeois à l'esprit progressiste. L'amant, lui, se réfère à sa mère et à son éducation italienne.

L'auteur nous conte cette romance avec un esprit de finesse non dénué d'humour et une sensibilité qui fait vibrer la corde sensible du lecteur (de la lectrice).

 

M.B.


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