Nouvelles de Flandre

La Francophonie
n'est pas un combat d'arrière-garde,
c'est un combat pour l'avenir

 

Lors de sa récente visite officielle au Grand Duché de Luxemboug, Monsieur Boutros Boutros-Ghali, Secrétaire général de l'Organisation Internationale de la Francophonie, a rappelé ses objectifs et ses priorités pour la francophonie.

"(...) Je voudrais vous dire que la situation du Luxembourg me semble emblématique, à plus d'un titre de la Francophonie. Le Luxembourg prouve d'abord, avec éclat, que le multilinguisme que veut consacrer l'Organisation Internationale de la Francophonie, peut être une réalité heureuse. Par ailleurs, Français, Belges, Allemands, Portugais, Italiens forment ici, avec les Luxembourgeois, une communauté harmonieuse, pétrie de ces valeurs de tolérance, d'ouverture et de respect de la diversité qui font l'essence même de la Francophonie. (...)

Organisation Internationale de la francophonie

Je suis particulièrement heureux de pouvoir vous présenter, aujourd'hui, la Francophonie nouvelle, dont j'ai la charge depuis le 1er janvier. Et je voudrais vous dire, pour commencer, que le Sommet de Hanoï, en novembre dernier, a constitué un grand événement pour la Francophonie. Les 52 chefs d'Etat et de gouvernement ont, en effet créé, lors de ce Sommet, une institution internationale à part entière, l'Organisation Internationale de la Francophonie. (...)

L'une des originalités de cette nouvelle Organisation, c'est d'abord, d'accueillir en son sein des Etats, mais aussi des gouvernements, comme le Québec, le Nouveau-Brunswick ou la Communauté française de Belgique.

Par ailleurs, cette Organisation internationale se veut une représentation institutionnelle de la société civile, et pas seulement interétatique. Puisque, outre l'Agence intergouvernementale de la Francophonie, que j'évoquais tout à l'heure, notre Institution est résolument tournée vers l'action, à travers ceux que l'on appelle les opérateurs.

En impliquant directement les Universitaires, les Maires de grandes villes, les médias, l'Organisation de la Francophonie fait véritablement figure d'Organisation Internationale d'un nouveau type.

Par ailleurs, outre ces opérateurs, notre Organisation s'appuie sur une Assemblée consultative, l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie, qui est constituée de parlementaires représentant 55 pays ou communautés de langue française. Elle renforce ainsi son ancrage dans la société civile, et exprime, surtout, avec vigueur son attachement à cette valeur essentielle de la Francophonie. Je veux dire la démocratie. (...)

L'OIF, ainsi structurée, s'est vu doter, à Hanoï, d'un Secrétaire général, élu pour quatre ans. Cette mission est aujourd'hui la mienne. Et je voudrais pour continuer vous présenter, très rapidement, mes objectifs et mes priorités pour la Francophonie, durant mon mandat.

Une Francophonie, désireuse d'affirmer sa dimension politique et économique. Une Francophonie décidée à promouvoir, à travers la défense de la langue française, le principe de la diversité culturelle et du plurilinguisme, et par là même la démocratisation des relations internationales. (...)

Action diplomatique

L'Organisation Internationale de la Francophonie a commencé à développer son action diplomatique à l'intérieur de l'espace francophone.(...) Mais il faut, dans le même temps, que la Francophonie s'impose comme une Organisation Internationale à part entière, à l'extérieur, c'est-à-dire auprès des non-francophones.

C'est la raison pour laquelle je souhaite multiplier les contacts avec d'autres Institutions internationales. Avec l'Organisation mondiale, bien sûr. Car je pense que les Organisations régionales ont, depuis la fin de la Guerre froide, un rôle prépondérant à jouer au service de la paix internationale, en coopération étroite avec les Nations Unies.(...)

Coopération économique

Mon rôle consiste, aussi, à donner à la coopération économique francophone plus d'efficacité. Et à faire souffler, notamment, sur la Coopération Nord-Sud et Sud-Sud un souffle nouveau.

Cette dimension économique, les chefs d'Etat et de gouvernement l'ont résolument prise en compte à Hanoï. Et ils ont décidé de tenir la Première Conférence des ministres francophones de l'Economie et des finances, en avril 1999, à Monaco, sur le thème de l'investissement et du commerce. Car nous savons bien que l'espace francophone est riche de promesses et d'avenir, mais qu'il est encore trop peu exploité. Depuis quelques années la coopération s'étiole. L'aide publique au développement s'essouffle. L'investissement privé reste modeste.(...)

Diversité culturelle et plurilinguisme

Il faut renforcer le français en tant que langue internationale. Mais ne nous trompons pas de combat! N'ayons pas à l'égard de la langue une attitude frileuse ou défensive. Le français est profondément une langue d'avenir, à condition d'inscrire ce combat dans la réalité sociale, économique et culturelle du monde contemporain. Le combat pour la Francophonie ne sera gagné que si le français est ressenti comme une langue internationalement utile. Pour que la Francophonie s'affirme dans le monde, elle doit apparaître comme un véritable réseau de Francophonie globale, où tous, à tout moment, à tout endroit, ont accès, en français, à tous les registres de la vie, mais aussi à l'emploi.

Nous devons, dans le même temps, investir les méthodes technologiques les plus modernes de diffusion de la pensée et refuser la colonisation des ces nouveaux espaces médiatiques par une langue unique, une culture unique, une pensée unique! Je pense notamment à la place qui doit être la nôtre, celle de notre langue, sur le Réseau Internet. Je pense à la place du français sur les autoroutes de l'information. Je pense aux satellites de communication. De l'école à l'entreprise, en passant par les loisirs et la culture, la Francophonie doit faire rêver sur ce qui fait sa spécificité, je veux dire l'excellence, alliée à un art de vivre et à des valeurs partagées, de solidarité et d'humanisme.

Le combat pour la Francophonie, c'est enfin et surtout un combat emblématique, un combat pour une autre vision du monde dans laquelle la diversité des langues et des cultures a toute sa place. C'est pourquoi je compte ouvrir la Francophonie aux autres communautés linguistiques. Je pense notamment au monde hispanique, au monde lusophone, au monde arabe. C'est en cela que le combat pour la Francophonie est aussi un combat pour la tolérance et pour la démocratisation des relations internationales.(...)

La démocratie à l'échelon des Etats n'aura véritablement de sens que si elle s'inscrit dans une société internationale, elle aussi démocratisée. Dans une société internationale qui oppose l'alternative volontariste de la diversité culturelle et linguistique à la soumission fataliste de l'uniformisation.

 

C'est en tout cas dans cet esprit que je conçois la Francophonie, au poste qui m'est aujourd'hui confié. Vous le voyez, le défi est grand, mais il est à la hauteur des ambitions de l'Organisation Internationale de la Francophonie. Vous le voyez, aussi, la Francophonie, n'est pas comme certains voudraient le laisser croire, un combat d'arrière-garde! Bien au contraire! Il s'agit d'un combat pour l'avenir! Et c'est dans l'avenir que s'inscrira le prochain Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de Moncton, au Nouveau-Brunswick, en septembre 1999, puisqu'il aura pour thème "la jeunesse". (...)"

 

Extraits et intertitres proposés par Anne-Françoise Counet.


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